Suite aux sollicitations des jeunes du Comté de Leitrim, Jimmy, malgré sa réticence à provoquer ses vieux ennemis comme l'Eglise ou les propriétaires terriens, décide de rouvrir le "Hall", un foyer ouvert à tous où l'on se retrouve pour danser, étudier, ou discuter. À nouveau, le succès est immédiat. Mais l'influence grandissante de Jimmy et ses idées progressistes ne sont toujours pas du goût de tout le monde au village. Les tensions refont surface.
par Coraline Lafon
C’est avec un plaisir non dissimulé que l’on retrouve la patte particulière de Ken Loach dans ce 39e long-métrage, qui sera sans doute son dernier. En effet, le réalisateur de 78 ans arrive une fois de plus à donner à un environnement assez cru et à des personnages réalistes une dimension extraordinaire. Et la touche irlandaise ne gâche rien ; les couleurs verdoyantes, les sonorités dansantes et l’ambiance chaleureuse accentuent les 110 minutes de magie.
Inspiré de la vraie vie de Jimmy Gralton, un leader communiste irlandais mort en 1945, le film semble assez proche de la réalité. Il faut dire que le cinéaste s’est donné du mal pour ancrer l’histoire dans ce territoire et dans son contexte de l’époque. D’une part, la plupart des acteurs sont locaux : l’équipe en charge du casting tenait à ce que le sentiment d’appartenance, élément moteur de l’histoire, soit véridique aussi bien dans la vie qu’à l’écran. D’autre part, l’historien Donal Ó Drisceoil, spécialiste de l’histoire politique irlandaise, a été intégré au tournage et son expertise a permis de donner un maximum de crédibilité au scénario.
Touchant, poétique, nostalgique, combatif : l’oeuvre est d’une douceur et d’une justesse remarquable. La scène de la valse presque fantomatique entre Jimmy et Oonagh est à couper le souffle et celle du bal dansant, festif et plein de vie, entrecoupée par le discours du prêtre, moralisateur et autoritaire, est certes un peu déjà vue mais reste saisissante. On notera aussi que tous les personnages, que ce soient les bénévoles du Hall, l’homme d’église aigri ou la mère de Jimmy, sont tous charismatiques et brillamment interprétés. Mais la vraie révélation reste tout de même Barry Ward : avec pourtant peu de tournages à son actif, l’acteur donne corps et coeur à Jimmy Gralton avec beaucoup de talent !
Pour résumer, si vous voulez passer un très agréable moment en compagnie d’une bande de passionnés, amateurs de danse, de chant et de plaisir, tout en profitant en arrière plans des verdures irlandaises, c’est sans hésiter ce film qu’il faut aller découvrir dans vos salles de cinéma !
Coraline Lafon