Under the Skin

Le synopsis en dit long sur l’originalité de ce 3e long-métrage réalisé par Jonathan Glazer. Et dans le cas de « Under the Skin », « original » est un euphémisme : ce n’est pas vraiment le genre de film qu’il faut aller voir en famille. Très peu de dialogue, des scènes qui peuvent heurter la sensibilité de certains, une atmosphère à la fois fascinante et glaçante : on regrette que le film ne soit pas moins long car il aurait eu tout à fait sa place dans la programmation de notre festival de court métrage préféré, Court Métrange. Mais même si le film n’est pas grand public, il a le mérite de nous proposer quelque chose de neuf, de provoquer des émotions inattendues, de nous intriguer et c’est précisément ce que l’on attend du 7e art.

L’un des gros points forts de ce film, c’est l’esthétisme des plans. L’Écosse permet d’une part de mettre en avant des paysages et des ambiances naturelles incroyables (forêt secouée par le vent, brouillard, vallées) en jouant sur les couleurs, la luminosité etc. Mais les scènes de « strip tease » sont également sublimes et poignantes et réussir à diversifier à ce point les plans alors qu’une grosse partie du scénario se déroule en huis-clos dans un van, c’est assez remarquable. Bref, on note que Jonathan Glazer a su donner une dimension presque artistique à son film, en jouant sur les lenteurs et sur des passages conceptuels.

Autre point fort du film : Scarlett Johansson. Comme quoi l’actrice est capable de s’adapter à n’importe quel scénario : de « Match Point » à « Avengers » en passant par « Her » ou encore « Lucy » (le prochain film de Luc Besson), la petite Grace MacLean a bien grandi depuis « L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux ». Et dans « Under the Skin », Scarlett s’investit complètement dans son rôle puisqu’elle va jusqu’à se dévêtir entièrement. Le réalisateur craignait cependant que la popularité de l’actrice desserve son adaptation de « Sous la peau » (une nouvelle écrite par Michel Faber) puisque selon lui, « il fallait absolument que le spectateur se retrouve en terrain étranger ». Qu’il soit rassuré : même si le visage de Scarlett est bien sûr familier, on reste fasciné.

Pour résumer, si vous voulez un film léger et estival à savourer en famille, opter plus pour « les vacances du petit Nicolas » ou pour « Dragons 2 ». Par contre, si vous êtes curieux, que vous aimez être étonné et surpris et que vous êtes un adepte des Nuits du Fantastique, vous allez adorer « Under the Skin ». Et Scarlett nue, ça ne se rate pas ! Bonne séance !

Coraline Lafon