par Coraline Lafon
Repéré lors de la Quinzaine des Réalisateurs de la dernière édition du Festival de Cannes, le premier long-métrage de Thomas Cailley est salué par la critique depuis sa sortie en salle pour son humour, son originalité et sa fraîcheur. Et pour cause ! Dès les premières minutes, le réalisateur annonce la couleur avec cette scène (qu’on vous laissera découvrir) à la fois insolite et drôle dans une entreprise de pompes funèbres. Et l'on continue de se faire surprendre au fil des secondes en découvrant une histoire cousue autour d’un concept singulier : le thème de la survie. Bien que surexploitée dans les films apocalyptiques, le sujet est traité ici avec légèreté et est ancré dans le quotidien, ce qui rend l’œuvre étonnante et amusante.
Mais le vrai point fort de ce long métrage ce sont les personnages. Adèle Haenel, qui était récemment à l’affiche de « L’homme qu’on aimait trop » aux côtés de Guillaume Canet et de Catherine Deneuve, confirme son charisme à l’écran. Après avoir joué le rôle de Léa dans « L'Apollonide » de Bertrand Bonello ou Maria dans le drame français « Suzanne » de Katell Quillévéré, Adèle séduit dans « Les combattants » en donnant à Madeleine ce regard hargneux, cette rage de (sur)vivre, cette voix dure et ce caractère intransigeant. Une vraie réussite même si on regrette par moment qu’il n’y ait pas plus de nuances dans ce personnage. Mais heureusement, le binôme de Madeleine à l’écran, Arnaud, complète le tableau en apportant le calme dans l’« apocalypse ». Le personnage interprété par Kevin Azaïs, que vous avez peut-être aperçu dans « La marche » ou dans « Je fais le mort », introduit un peu de douceur dans le scénario en jonglant entre vigueur et sensibilité. Force tranquille, il survit à sa manière et touche le spectateur par sa tendre fascination pour Madeleine.
Un excellent duo donc et aussi un très bon réalisateur. Car même si la fin est légèrement bâclée et qu’il a prit quelques raccourcis, Thomas Cailley a osé mettre en scène un scénario original qui tient la route, il a réussi à étonner, à questionner et à faire rire. En effet, on ne peut pas rester insensible à la scène des poussins ou au regard consterné du frère d’Arnaud lorsque Madeleine aborde le sujet de la fin du monde. En tout cas, réussir à réunir avec talent toutes ces petites choses dans un premier film, ça mérite au moins un détour dans votre salle de cinéma la plus proche pour aller découvrir « Les combattants » par vous-même !
Coraline Lafon