Un jour, Michel tombe en arrêt devant des photos de kayak : on dirait le fuselage d’un avion. C'est le coup de foudre. En cachette de sa femme, il achète un kayak à monter soi-même et tout le matériel qui va avec. Michel pagaie des heures sur son toit, rêve de grandes traversées en solitaire mais ne se décide pas à le mettre à l'eau. Rachelle découvre tout son attirail et le pousse alors à larguer les amarres.
Michel part enfin sur une jolie rivière inconnue. Il fait une première escale et découvre une guinguette installée le long de la rive. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de la patronne Laetitia, de la jeune serveuse Mila, et de leurs clients dont la principale occupation est de bricoler sous les arbres et boire de l’absinthe. Michel sympathise avec tout ce petit monde, installe sa tente pour une nuit près de la buvette et, le lendemain, a finalement beaucoup de mal à quitter les lieux…
par Coraline Lafon
Lumineux, drôle, poétique, touchant : que d'adjectifs pour qualifier cette neuvième réalisation de Bruno Podalydès. Beaucoup de tendresse émane de ce film qui parle à la fois de la solitude, de notre rapport aux "matos", de la société, des nouvelles technologies, de la quête de soi, de l'appréhension des autres, du voyage, de l'évasion, du couple, du temps qui passe. Le réalisateur, qui interprète également le premier rôle, nous fait naviguer sur la rivière de son imagination, passant d'une scène réaliste à un plan fantaisiste. Et on se laisse porter, tout comme le personnage principal, au fil de l'eau et des rencontres, on suit le courant, sereinement, là ou il veut bien nous emporter.
Les décors, la gestion de la lumière et les personnages haut en couleurs font emerger une atmosphère presque féerique et complètent ce sentiment d'être entre rêve et réalité. Et le choix de la bande-son achève de nous bercer : on passe de Goerges Moustaki à Jean-Sébastien Bach et l'on retrouve même le rythme endiablé d'une des chansons cultes du premier volet de Kill Bill.
Pour porter ce joli long-métrage, Bruno Podalydès a su s'entourer avec un casting sympa dont la méconnue Vimala Pons qui n'en finit pas de nous séduire depuis "La fille du 14 juillet" ou plus récemment "Vincent n'a pas d'écailles". Tous ces acteurs de qualité donnent vie à un univers magico-absurde fait de cerises, de boucles d'oreilles, de peinture bleue et de poissons.
En cette periode d'été, "Comme un avion" rafraichit et ne donne pas l'impression de passer à côté de deux heures de beau temps. Car même enfermé dans une salle, on voyage, on prend le soleil et on partage un beau moment avec les autres spectateurs qui diffusent leurs rires communicatifs dans la salle, se reconnaissant parfois dans certaines situations rocambolesques ou savourant juste le plaisir d'être devant un film français comme on en voit trop rarement. Tout en humour et en finesse, "Comme un avion" est le genre de long-métrage qui donne envie de prendre le temps de vivre, d'être libres et de rêver sa vie.
Coraline Lafon