par Coraline Lafon
"Dieu existe. Il habite à Bruxelles". C'est ainsi que débute cet ovni cinématographique belge qu'est "Le Tout Nouveau Testament", découvert lors de la Quinzaine des Réalisateurs du festival de Cannes 2015. Après des chef-d'oeuvres tels que "Le Huitième Jour" ou "Mr Nobody", Jaco Van Dormael nous entraîne dans les rues de la capitale européenne et le réalisateur ne fait pas les choses à moitié. Non seulement l'intégralité du tournage s'est déroulé à Bruxelles, mais, à l'exception de Catherine Deneuve, tous les acteurs sont belges : Benoît Poelvoorde, Yolande Moreau, François Damiens, la jeune et très prometteuse Pili Groyne ou encore Johan Heldenbergh, que la plupart d'entre nous on découvert dans l'excellent "Alabama Monroe".
Un casting quatre étoiles, donc, pour un long-métrage inqualifiable : à la fois philosophique, humoristique, sombre et déjanté, le film a l'immense qualité de dérouter le spectateur. Dès l'introduction, on est séduit par le scénario très original et par la voix de cette petite fille, la fille de Dieu, qui nous raconte son histoire et, intrinsèquement, la nôtre. Puis les images défilent et la réputation du cinéma belge tient ses promesses : tout, dans la réalisation, est pensé pour nous faire voyager dans le monde extraordinaire de l'imagination et du fantastique. Les lumières, les couleurs, les musiques, l'usage du rêve dans la narration : l'absurde devient poésie et la poésie devient conte, pour notre plus grand plaisir.
Bien sûr, certains passages du film pourront laisser certains d'entre vous perplexes ou sceptiques : quelques scènes sont très loufoques et les personnages sont loin d'être conventionnels. Cependant, à l'heure des super-productions et des "remake" en tout genre, il est bon de pouvoir visionner, au cinéma, des films comme celui-ci, preuve que la créativité et la prise de risque sont toujours bien des nôtres.
Coraline Lafon