Quelques années après la Guerre de Sécession, le chasseur de primes John Ruth, dit Le Bourreau, fait route vers Red Rock, où il conduit sa prisonnière Daisy Domergue se faire pendre. Sur leur route, ils rencontrent le Major Marquis Warren, un ancien soldat lui aussi devenu chasseur de primes, et Chris Mannix, le nouveau shérif de Red Rock. Surpris par le blizzard, ils trouvent refuge dans une auberge au milieu des montagnes, où ils sont accueillis par quatre personnages énigmatiques : le confédéré, le mexicain, le cowboy et le court-sur-pattes. Alors que la tempête s’abat au-dessus du massif, l’auberge va abriter une série de tromperies et de trahisons. L’un de ces huit salopards n’est pas celui qu’il prétend être ; il y a fort à parier que tout le monde ne sortira pas vivant de l’auberge de Minnie…
sorti le 06/01/2016
"L'idée était de mettre une bande de hors-la-loi piégés dans une pièce, avec une tempête de neige à l'extérieur, leur donner des flingues et voir ce qu'il se passe ensuite." - Quentin Tarantino
Certains réalisateurs ont un style unique et des acteurs fétiches. Si Wes Anderson nous entraîne toujours dans un univers acidulé et visuellement travaillé dans lequel Bill Murray tient régulièrement le rôle principal, Tim Burton lui, fait régulièrement appel à Johnny Depp pour donner vie à son monde gothique et fantastique. On pourrait en citer d'autres mais parmi eux, se trouve Quentin Tarantino. Quand on va voir un Tarantino, on sait à quoi s'attendre et on adore ça : du sang (beaucoup de sang), des répliques cinglantes, de longs monologues, une bande son géniale, des twists, des personnages charismatiques et du suspens. Ce long métrage n'échappe pas à la règle.
Fort du succès de "Django Unchained", le réalisateur a décidé de remettre le couvert en dévoilant "Les Huit Salopards", prolongation de l'univers "cow-boy" développé dans "Django", bien que sans rapport avec ce dernier, mais plutôt un clin d’oeil au magnifique “Les Sept Mercenaires”. Pour cette deuxième tentative, on sent que Tarantino a pris son pied : les décors sont incroyables (la combinaison neige / hémoglobine fait toujours son petit effet), le film est tourné en Ultra Panavision 70mm (ce qui donne un rendu d'une qualité impressionnante) et tous les codes du western spaghetti sont respectés : gros plans, personnages complexes et une bande-son qui décoiffe, en plus de servir le scénario. Pour ne rien gâcher, le metteur en scène de "Pulp Fiction" et de "Kill Bill" s'est une fois de plus entouré de certains de ses acteurs récurrents : Samuel L. Jackson, qui en est à son 4e film avec lui, Tim Ruth qui joue le braqueur dans "Pulp Fiction" ou encore Kurt Russel, qui tient le rôle principal dans "Boulevard de la Mort". Un casting de choc, donc, sublimé par l'interprétation de Jennifer Jason Leight qui donne à son personnage une dimension incroyable.
Les altercations entres les personnages rajoutent à chaque instant un peu plus de tension, parfois contrastée par une chanson (la scène de "douce nuit" est sublime, ainsi que celle ou la prisonnière joue de la guitare pendant que les autres s'empoisonnent). Toute cette ironie, ce contraste est habilement mené et traduit à l'écran. Seuls petits reproches, le dénouement aurait sans doute mérité d'être un peu plus approfondi et certaines scènes auraient pu être raccourcies pour éviter quelques longueurs. Mais on pardonne, étant donné que l'on prend quand même une bonne dose d'adrénaline pendant presque 3 heures.
Pour résumer, si "Les Huit Salopards" ne prend pas la tête du classement des meilleurs films de Tarantino, il reste tout de même à voir ne serait-ce que parce qu'on sent que Quentin a pris beaucoup de plaisir. Et même si ce plaisir est parfois est un peu trop proche de l'auto-satisfaction et de l'égo-centrisme, qu'importe : l'important c'est d'en prendre plein la vue !
Coraline Lafon