par Marc Flageul
Ils sont nombreux les réalisateurs hollywoodiens qui seraient tombés dans tous les travers du cinéma américain face à un tel sujet. Heureusement, sobriété est l'un des maîtres-mots de ce long-métrage. A l'instar du cinéma des années 70 (difficile de ne pas penser à "Les Hommes du Président" d'Alan J. Pakula, mais aussi à "Les Trois Jours du Condor", tant la mise en scène s'en rapproche) le cinéaste n'emploie aucun subterfuge. On ne suit pas des surhommes, ou une surfemme dans le cas de Sasha Pfeiffer, interprétée par Rachel McAdams. Les scène de pathos grandiloquent sont évitées. Ainsi ce survivant se confiant à la journaliste cachera ses larmes derrière ses mains, tel autre ne laissera que très peu de temps au spectateur pour apercevoir ses traces de piqures. Le grand sujet du film n'est autre que les rouages de cette enquête, les problèmes rencontrés par ces femmes et ces hommes motivés par un désir de vérité. Et le casting est parfait. McCarthy a su s'entourer d'une équipe de classe A. Et aucun ne tire la couverture à lui. Que ce soit Stanley Tucci en avocat débordé ou Michael Keaton qui aurait pu prolonger le cabotinage de l'excellent "Birdman".
Tout en restant dans cette sobriété, cette élégance, "Spotlight" offre de très jolis moments de réalisation. Ainsi lorsque le personnage de Michael Rezendes (Mark Ruffalo), obtient enfin certains documents, sa course en taxi se mue en présentation de la ville. En effet Boston est l'une des grandes villes catholiques aux U.S.A., avec 53% de sa population se réclamant de cette religion. Et voir ce taxi se faufiler dans les ruelles et les grands axes, pendant que le journaliste en voix-off détaille les témoignages de ces habitants est très émouvant.
Cette oeuvre est importante à plusieurs titres, d'une part pour sa couverture d'un scandale si proche de nous. D'ailleurs Radio Vatican a conseillé la vision de l'œuvre de Tom McCarthy. Mais aussi parce qu'il s'agit de ce que le cinéma américain sait nous offrir de meilleur lorsqu'il ne s'aveugle pas dans ses propres explosions.
Marc Flageul