par Marc Flageul
Iñárritu, réalisateur maestro préfère la force des images, la cadrant dans un scénario fin et simple. L'histoire de la vengeance sempiternelle est parfaite face à ces territoires inexplorées. Le froid du décor se mêle au froid de l'âme. Car nous ne sommes pas dans un western spaghetti. Les références sont plus du côté du "Dead Man" de Jim Jarmusch. La philosophie est portée par les armes à feu. Les relations raciales sont tendues, nous ramenant au présent, surtout dans une Amérique qui a vu, il y encore peu de nouvelles émeutes "raciales". Nous ne sommes pas dans un western classique, encore une fois, car ce n'est pas le soleil qui brûle la peau des garçons vachers. Ici le froid gèle le corps d'hommes recouverts de fourrures. Et ce froid, cette neige, ces étendues glacées forment un décor blanc et pur. Ceci n'étant troublé par que l'action des hommes, quelle que soit leur appartenance. Les amateurs de réalisateur sachant maîtriser le temps et les longs plans séquences seront aux anges. Les plaines sont vastes et les scènes longues.
Ainsi, celle dont nous parlions il y a quelques lignes, l'attaque du grizzli n'est pas cachée. Alejandro González Iñárritu aurait pu se laisser aller à une certaine facilité, cacher la violence, masquer la faiblesse de son héros. Après tout, lorsque l'on a Leonardo DiCaprio on met le plus souvent sa beauté en valeur. Et bien là non, sous la barbe et les cheveux sales ont voit la chair souffrir. Dans une scène longue et difficile, le spectateur est amené à ne pas détacher son regard de la violence de la nature, sombre et impossible à empêcher. Cette séquence dure plusieurs minutes, et pourrait heurter la sensibilité des plus jeunes, il faut le savoir.
"The Revenant" est probablement l'un des films majeurs de l'année. C'est aussi l'un de ses films qui survivra à l'épreuve du temps. Le western, genre des U.S.A. par excellence, est encore une fois revisité par un étranger. Et en cela on nous offre à voir un grand film.
Marc Flageul