10 Cloverfield Lane

"Misery", est le premier titre qui vient en tête devant "10 Cloverfield Lane". En effet ce dernier tire beaucoup de liens vers le premier. L'accident de voiture, la blessure à la jambe qui en résulte et surtout l'enfermement. Par contre là ou le film de 1990 offrait l'étendue des paysages du Colorado en contrepoint de l'absence de liberté, Dan Trachtenberg (le réalisateur), lui n'offre qu'une petite lucarne sur le monde extérieur. Une toute petite fenêtre qui ne dévoile qu'un bout de champ. Et qu'est-ce qui ressemble plus à un champ qu'un autre champ ?

Le bunker est cosy, offre nourriture, bière, jeux de société et cassettes VHS. Et c'est dans ce décor que la situation avance, recule, change de direction. Ces petites pièces sont la parfaite métaphore de la claustrophobie et de la prison véritable qu'est le monde dans lequel se réveille Michelle. Dans "Misery" Kathy Bates était une psychopathe effrayante de justesse. Dans ce nouveau film c'est John Goodman qui offre les frissons. L'homme a sauvé la vie de Michelle mais son mutisme, son comportement, et surtout sa passion pour les théories du complot en font un personnage très sombre. Goodman n'offre pas énormément d'émotions différentes, le rôle ne le demandant pas, mais pourtant il vise toujours juste. C'est en grande partie par son interprétation que le scénario subit ses retournements de situations.

Ceux qui connaissent "Cloverfield", le premier film de cette franchise, sorti en 2008, savent à quoi s'attendre. Mais qu'ils ne s'imaginent surtout pas posséder toutes les clés de cette histoire. "10 Cloverfield Lane" est avant tout une oeuvre qui s'amuse à vous perdre, à vous dire que ce que vous croyez est faux... ou pas ? Vous ne saurez pas à qui faire confiance, et c'est cela qui rend le addictif. Chaque révélation est une surprise, comme une une réponse à une question que l'on ne s'était pas posée.

Marc Flageul