Dégradé


Dégradé
Réalisateur :
Arab Nasser et Tarzan Nasser
Pays d'origine :
FR,PA,QA
Titre original :
Durée :
1h23
Année :
2015
Date de sortie nationale :
Genre :
CD
Casting :
Hiam Abbass, Victoria Balitska, Manal Awad…
Synopsis :
Une famille mafieuse a volé le lion du zoo de Gaza et le Hamas décide de lui régler son compte ! Prises au piège par l'affrontement armé, treize femmes se retrouvent coincées dans le petit salon de coiffure de Christine. Ce lieu de détente devenu survolté le temps d'un après-midi va voir se confronter des personnalités étonnantes et hautes en couleur, de tous âges et de toutes catégories sociales…
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par Marc Flageul

Situation rocambolesque, et pourtant les deux réalisateurs gazaouis ont décidé de concentrer leur vision sur ces dames. Ces treize portraits hétérogènes constituent le gros de l'histoire, à l'instar du salon qui en est le décor quasi-exclusif. Tarzan et Arab ne se laissent pas avoir par les pièges faciles d'un cinéma féminin fait par les hommes. Ces personnages ne ressemblent en rien aux héroïnes impitoyables du cinéma U.S. Elles ne sont pas les adolescentes larmoyantes ne vivant que pour l'amour des séries télévisées. Elles ne vivent pas que par les hommes, dans leur regards ou leurs conversations. L'écueil de l'excès inverse lui aussi est évité, telle femme voulant être belle pour son nouvel amant. Ces femmes ne sont pas LES femmes, elles sont DES femmes. Et ce sont leurs différences qui vont faire avancer les rapports humains. Car oui, dans une œuvre à décor unique, il faut beaucoup compter sur le scénario et les actrices... L'équipe fait ici un sans-faute. Les rapports sont tendus, entre la diva et la rigolote. Ils sont aussi émouvants et à contrepied de ce que le spectateur attend. Ainsi la femme religieuse n'est pas de ces clichés faciles voyant le mal partout, elle a des convictions mais aussi une forme de beauté dans son respect de l'autre.

Il est évident devant le concept du film que l'on pensera à de précédentes réalisations de Cuckor ou même au "8 femmes" de François Ozon. "Dégradé" s'inscrit dans une tradition, en accepte certains codes, mais sait aussi exister dans son propre espace-temps. Gaza n'est pas n'importe quel lieu sur la planète, ni même à plus petite échelle dans le monde arabe. La transposition n'est pas frontale. Les évènements et les relations politiques émaillent le quotidien de ces héroïnes. Et c'est bien le quotidien qui est présent, celui du ou de la gazaoui(e) moyen(ne). Les points de vues ne cherchent pas à convaincre le spectateur, mais juste à lui présenter une tranche de vie dans ce qu'elle a de plus réaliste.

Marc Flageul