par Marc Flageul
Il y a des grands films, des "monuments" qui changent la vie d'un spectateur. De ces oeuvres qui modifient aussi la perception des autres réalisateurs, acteurs ou scénaristes. Il y a aussi des comédies qui marquent, devenant générationnelles ou même mieux trans-générationnelles. Ces oeuvres dont les vannes servent de codes entre amis. Il y a aussi de beaux films, dont le visuel l'emporte sur le reste. "L'invitation" de Michaël Cohen n'entre dans aucune de ces catégories. Pourtant je vous enjoins vraiment à aller le voir. Car s'il ne changera pas votre vie, il vous laissera un agréable sourire lorsque vous ressortirez de la salle et verrez à nouveau la lumière du jour.
3h du mat', le téléphone sonne. votre meilleur ami a besoin de vous, y allez-vous ? Léo lance cette bouteille à la mer et attend son ami Raphaël, non pas pour le dépanner mais pour le plaisir de le voir. Mesquin? Comportement d'enfant gâté ? Pas faux. Mais ce simple moment sera aussi l'occasion de voir jusqu'où va l'amitié. Qu'est-on prêt à faire si l'autre nous demande de lui tendre la main. Question difficile que l'on ne manque pas de se poser, sauf si l'on a déjà répondu à ce genre de coup de fil.
Dans cette recherche de ses vrais amis, Michaël Cohen a l'intelligence de ne pas plomber les personnages. S'ils souffrent, broient du noir et se montrent avec leurs défauts, ils sont aussi drôles, attachants et parfois bien intentionnés. Drôles d'abord, parce que l'on voit des amis. Qui font la fête, boivent des coups et s'amusent en disant tant de bêtises. Attachants car Raphaël vit mal son couple mais aime sa compagne, et peu de spectateurs auront envie de les voir se déchirer. Quand au dernier qualificatif, Léo a beau être un sale égoïste lors de son coup de fil, c'est aussi un ami, qui ne laissera pas les autres se prendre les pieds dans les petits malheurs de leurs vie, sans rien y faire.
Mais que cachent ces déclarations, ces actions. Connait-on vraiment ceux que l'on aime ? Si l'on vient pour un problème de voiture n'y a t'il pas d'autres problèmes... mais est-on assez proches, assez aimants pour les voir. Je suis prêt à prendre les paris. Si vous allez voir "L'invitation" je suis sûr que dans cinq ans vous aurez probablement oublié ce long-métrage, ou vous l'aurez rangé dans un petit coin bien tranquille de votre mémoire. Mais je suis aussi certain, que si un soir vous découvrez au-détour d'un programme télé que le film passe (probablement en deuxième partie de soirée), vous aurez envie de vous installer pour le revoir.
Marc Flageul