par Marc Flageul
Ben Affleck est un bon acteur, pas un Marlon Brando ou un Bill Murray, mais un gars qui fait le job. Par contre dès qu'il passe derrière la caméra alors là c'est autre chose. A l'instar de Clint Eastwood, c'est son pays qui motive le réalisateur. Après "The Town" et sa vie dans les banlieues des grandes villes marquées par le crime, "Argo" et les relations internationales des U.S.A et avant son "Batman" (icône de la pop culture et donc de l'Oncle Sam") "Live by Night" est une peinture de l'Amérique de l'entre deux guerres. Cette période marquée par la prohibition et par extension, les bandits (dernière figure romantique créée par le nouveau monde.)
"Live by Night" montre l'Amérique dans son étendue, des grandes villes au sud rural. La société et ses divisions : protestants contre catholiques, italiens contre irlandais, blanc contre noirs et métisses... Film politique s'il en est, ces choses ne sont pas cachées sous le tapis, le long-métrage s'attache au réalisme des situations, avec la montée du Ku-Klux Klan en cette période de crise. Mais c'est dans son rapport au pouvoir que Joe est le plus convaincant. Il ne s'agit pas là du pouvoir politique, mais celui qui dirige les U.S.A. encore aujourd'hui, après l'élection de Trump, l'oligarchie, le pouvoir de l'argent.
Pourtant c'est un film de gangsters, les fusillades, les courses-poursuites... Tout y est. Et c'est magnifique, une scène sort du lot, même si elle est très courte : le héros et une poignée de personnages traversent les marécages, le bayou en bateau au soleil couchant... Les plans larges sont si paisibles comme la vie de nos héros à ce moment.
Foncez voir "Live by Night", si Affleck est un peu lourd parfois en tant qu'acteur, le réalisateur sait tirer profit de tout le reste. Un vrai moment de beauté.
Marc Flageul