par Marc Flageul
Le racisme n'est pas mort, loin s'en faut, et s'il y a bien un pays qui en sait quelque chose ce sont les U.S.A.. Il y a quelque temps le mouvement Black Lives Matter occupait la scène médiatique, au travers d'actions fortes, mais aussi belles comme la protestation silencieuse de Leshia Evans. Les mouvements artistiques et surtout cinématographiques ne sont pas en reste. Il y a quelque jours "Dear White People" taclait nombre de clichés avec un humour féroce sur Netflix. Ce 3 mai, Jordan Peele a sorti "Get Out" film d'angoisse brillant traitant des relations inter raciales dans une Amérique qui a vu la victoire de Donald Trump et de ses collaborateurs aux idées nauséabondes.
Le nom du réalisateur, M. Jordan Peele ne vous dit surement rien, pourtant, avec l'aide son comparse Keegan-Michael Key, il a fait les beaux jours des émisssions comiques outre-atlantique. Le registre change complètement, mais sa couleur de peau est toujours au centre des attentions. Au travers d'un film qui fonctionne comme une machine parfaitement huilée, il joue des relations et de la ségrégation silencieuse. Dans un mouvement de pendule constant, nos émotions balancent entre la gêne et l'angoisse. Gêne face au paternalisme blanc, sans cesse tentant de montrer une acceptation de l'autre au travers de clichés profondément ancrés. Angoisse quand le scénario s'enfonce dans l'horreur, que l'on attend pourtant depuis le début.
On pense aux "Femmes de Stepford", dans cette banlieue lisse et invariablement propre, on en sentirait presque l'odeur de l'abus de produits ménagers. On croise le chemin d'Hitchcock, figure imparable dans le genre, dans l'attention portée aux détails, ces petits riens qui à l'instar de Chris nous mettent la puce à l'oreille. S'il y a quelques temps morts dans ce thriller, ces derniers sont parfaitement intégrés, ils suivent nos reprises de souffle.
Mais le grand point fort de "Get Out", c'est le refus du manichéisme. Au fur et à mesure, les intentions racistes se précisent, sans jamais se détacher de leur puanteur, mais en s'éloignant du Ku Klux Klan et des idéologies primaires, montrant les différents niveaux d'oppression que subit une grand partie de la population mondiale.
"Get Out" est une réalisation forte, qui vous fera vous poser quelques questions bien utiles à l'approche des décisions que nous auront tous à prendre (ou plutôt que nous avons prises).
Marc Flageul