Marie-Francine

Quatre ans que Valérie Lemercier n'avait pas réalisé de longs métrages. Depuis "100% cachemire", assassiné par la critique, nous n'avions vu le profil longiligne de danseuse de la comédienne française, qu'en mère du "Petit Nicolas" ou sur scène. Et pourtant la France a besoin de plus de Valérie Lemercier. Depuis les conseils de Lady Palace, elle a su créer son sillon, bourgeoise pince sans rire plongeant avec délice dans l'humour enfantin, le tout avec toujours une intelligence de premier ordre.

"Marie-Francine" est une comédie romantique. Valérie Lemercier, réalisatrice se joue du genre. A aucun moment l'on ne se sent surprise par le scénario, l'histoire suit son cours, celle de cette femme qui va redécouvrir l'amour. Elle en a besoin après s'être faite larguer par son horriblement lâche mari. Ce dernier, joué par Denis Podalydès est simplement génial de muflerie, gendre cuistre un poil trop sûr de lui. Heureusement viendra Miguel, cuisinier gentil, tendre et drôle. Jusqu'ici on reste dans les clous. D'ailleurs les clichés vaudevillesques du genre font leur apparition: mensonge, dans les bras d'une autre, et si ?

Et c'est ici que ce film tire son épingle du jeu, tous ces clichés ne sont que ça, il ne prennent jamais le pas sur l'histoire au point de la diriger, la comédienne les jette comme de vieux kleenex usagés. Non cette erreur de communication ne dirigera pas la deuxième moitié du film, puisqu'il suffit de parler pour voir la vérité. L'âge sert aussi ce combat, en filmant une histoire d'amour passé la cinquantaine, Valérie Lemercier nous change des rom-coms américaines. Le jeune premier c'est Patrick Timsit tout de même, et surtout son physique, si particulier dirons-nous dans un excès de politesse, n'est jamais évoqué, la source de blagues faciles était là, et le film l'évite d'un joli pas de danse. Miguel est le personnage derrière lequel tous les spectateurs se rangeront, parfois au détriment de l'héroïne.

Dans sa veine de metteur en scène, Valérie Lemercier a su créer une forme d'humour assez fine, alors ne vous attendez pas à tomber de votre strapontin à chaque plan, mais je vous assure, qu'une fois que Marie-Francine repart sur de bons rails, un petit sourire se formera, et qu'il ne vous quittera plus.

Marc Flageul