sorti le 19/07/2017
Les histoires imbriquées, le metteur en scène sait faire. Il mêle très habillement les trois passages, alors que ces derniers se déroulent sur des durées différentes (une semaine sur la plage, une journée sur le bateau et une heure dans les airs). Ce qui pourrait sembler un pari impossible : lier les 3 dans le temps ainsi que dans le rythme, amène au final un véritable ballet, une chorégraphie scénaristique menée tambour battant. Afin de mettre tout cela en valeur, Nolan peut s'appuyer sur une photographie magnifique, époustouflante de beauté. Qu'il filme la mer, les combats aériens ou la plage gigantesque, on sent que le réalisateur s'évertue à trouver un sens dans les grandes étendues. Il les oppose aux destins de ces hommes perdus en leur sein, et qui nous semblent si seuls.
L'un des points les plus importants du scénario est que l'ennemi n'est pas l'allemand. On ne les voit quasiment jamais d'ailleurs. L'ennemi c'est la guerre, celle qui rend les hommes fous. Car dans cette réalisation, les héros sont peu nombreux. On pourrait même dire que leurs actions héroïques sont rares. L'absence de véritable scènes de bataille sous-tend cette idée. L'attente, la peur de la mort et l'instinct de survie sont seuls à décider du sort. Mais jamais ces hommes ne sont pris pour des lâches. Un des personnages pose d'ailleurs la question à sa figure paternelle. Et ce dernier ne donne pas de vraie réponse... d'ailleurs que dire face à la complexité de l'âme humaine ?
En utilisant ces personnages anonymes, aptes donc à être n'importe lequel d'entre nous, Nolan offre un véritable plaidoyer contre la guerre, la peur et la violence qu'elle engendre, et les traumatismes qu'elle laisse en ceux qui l'ont vue de trop près. Film à grand spectacle, mais film d'une intelligence et d'une beauté rare, "Dunkerque » est un must see cet été.
Marc Flageul