sorti le 23/08/2017
Chaque fois que l'on parle des 90’s, sont les sempiternels mêmes clichés qui ressortent : joie de vivre, fluo, début du rap, ... Une sorte d'âge d'or tout près de nous, que l'on a pu toucher du bout des doigts. Pourtant ceux qui ont grandi à cette époque se souviennent assez bien de la peur du SIDA. On apprenait régulièrement la mort ou la maladie de célébrités. Alors que le SIDA ne semble plus effrayer grand monde, "120 battements par minute" fait office d'oeuvre salutaire.
Située dans ces fameuses années 90, l’histoire se focalise sur le combat d'Act-Up. Ce groupe international se lançait alors dans les happenings visant à remettre en cause la "non-assistance" des pouvoirs publics ainsi que la méconnaissance d'une maladie plus que meurtrière. Quelques militants verront leurs vies privées et publiques suivre le chemin du combat.
Alternant scènes de groupes/associatives et moments privés, la caméra de Robin Campillo parvient à créer un scénario à double tension. Les deux rythmes se répondant, face au brouhaha, à l'euphorie et à la vitesse du groupe. S'opposent les scènes de tendresse et d'amour de Nathan et Sean, deux militants dont un atteint du virus. Si bien souvent dans un biopic ou dans un film historique le réalisateur se sent obligé de lier la petite histoire à la grande on en ressort avec un sentiment de raté, l'idée que la puissance de l'histoire en marche écrase la vie d'un ou deux anonymes en comparaison. Ici il n'en est rien. Le SIDA était et reste une histoire individuelle et collective à la fois. L'épidémie touchait avant tout les minorités qui se soudaient face à la calamité. Ne montrer que le combat, sans dévoiler les ravages de la maladie ne pouvait fonctionner.
Mais "120 battements par minutes" c'est aussi un biopic, d'un genre différent. Le militantisme au cinéma ça a toujours été la figure du héros "Milk", "Malcolm X" ou "Gandhi". D'ailleurs ces films portent le nom du personnage, qui bien qu'ayant des soutiens, brille seul dans la défaite ou la victoire. Ce long métrage change son fusil d'épaule. Ici c'est le monde associatif qui vient à nous. Les A.G., les différentes commissions, on voit le travail qui s'effectuait derrière les actions qui ont marqués les esprits, telle que la Gay Pride... Mais surtout, par opposition à la gloriole hollywodienne, les différends qui s'installent, les oppositions, les rixes et les petites choses de l'envers du décor nous sont montrées.
Avec de superbes acteurs pleins de justesse (dont Adèle Haenel en second rôle touchant) cette comédie dramatique est un must-see. Tant du point de vue du combat qui n'est, et on se doit de le rappeler, toujours pas gagné, qu'au niveau filmique. "120 battements par minute" se doit de figurer dans la liste de vos films à voir.
Marc Flageul