par Marc Flageul
La revanche est un classique des films de genre, et bien souvent redondant. Le héros perd sa famille, sa femme ou son pote et part en guerre, dézingue du méchant à tout va, brûle, assassine et frappe comme si de rien n'était. Que ce soit Clint Eastwood ou Keanu Reeves, ces personnages semblent toujours vivre dans la violence comme si de rien n'était, tuer n'étant qu'un acte banal.
Et c'est en cela que ce "A Beautiful Day" sort des sentiers battus. Ici la violence et les gerbes de sang ne prennent pas toute la place. C'est d'ailleurs à peine si on les voit. Mais surtout notre héros ne semble pas prendre plaisir à tuer. Ainsi il ira jusqu'à prendre la main d'une de ses victimes sur le point de succomber, dans l'une des deux grandes scènes. Autre habitude à se voir repousser : le rythme. La revanche est souvent une cavalcade sans temps mort. Lynne Ramsay, la réalisatrice, a su placer des temps morts, pour permettre aux personnages de respirer, tout comme les spectateurs. Ainsi la scène de l'enterrement, non contente d'être d'une beauté exceptionnelle est aussi d'une fraîcheur bienvenue.
Joe est un personnage souffrant de son passé, qui a décidé de devenir le maître de sa violence quotidienne. Pourtant ce sombre héritage vient se mêler à son présent et le rattrape. Cette voie ne peut laisser personne indemne. Et c'est ce que réussi à nous montrer ce petit bijou.
Marc Flageul