par Marc Flageul
Le travail et la prière sont deux des piliers de ce film, comme ils peuvent l'être pour les personnages. La religion est un sujet difficile à traiter, Cédric Kahn le fait avec une grande justesse, mais surtout du respect. Car plus que le catholicisme, c'est la foi qui est mise en valeur. Peu importe le dieu que l'on prie, ce sont avant tout les règles et les codes moraux qu'il apporte qui comptent. Point de prosélytisme ici donc, mais une vision touchante d'un jeune homme cassé, qui se reconstruit dans son rapport aux autres comme à lui-même.
Car pour être cassé il l'est. La première apparition d'Anthony Bajon à l'écran marque le spectateur : Visage tuméfié, plaies et oeil au beurre noir, pas besoin de s'étendre sur le passé du personnage pour comprendre qu'il est au bout du rouleau.
Alors que le calme se (re)fait en lui, son corps va souffrir encore plus. Le travail n'est pas un vain mot dans cette communauté. Ce sont encore une fois une série de règles qui dictent la conduite. Et Thomas, le héros en a besoin.
Le long métrage montrera cette évolution, notamment dans son rapport à ses camarades de lutte. Mais aussi vis-à vis de la jolie fille des voisins. "La prière" est un beau film sur la reconstruction, mais c'est aussi une oeuvre sur l'importance d'une certaine éthique, d'une morale, qui étonnamment, réussit à ne jamais nous prendre de haut.
Marc Flageul