par Marc Flageul
Christa Päffgen, un nom qui ne nous dit pas grand chose, hélas celui de Nico non plus. En dehors de la présence quasi-récurrente du fils qu'elle aurait eu avec Alain Delon, sur les plateaux télé dévidoirs de boites à mouchoir, ce nom ne passerait plus beaucoup par chez nous. Pourtant c'est une icône. Le mot n'est pas galvaudé. La mode d'abord : elle fut un mannequin d'une beauté époustouflante avant de gonfler sous les effets d'opiacés divers. De la musique et de l'art ensuite : car c'est elle qui chante avec Lou Reed sur le premier album du Velvet Underground, groupe culte s'il en est. Période d'une vie qui la vit côtoyer le grand Andy Warhol.
Ce n'est donc pas au biopic de n'importe qui que s'attaque la réalisatrice Susanna Nicchiarelli. Ce genre tend de plus à faire le grand écart entre figures incontournables et ceux tombés dans l'oubli. Mais comment se sortir d'un passé aussi fort, aussi puissant ? Rendre l’effervescence des 60’s ? Difficile... La beauté plastique ? Les fans n'auraient jamais laissé quiconque tenter de s'en approcher...
Alors la cinéaste filme la fin d'une vie, la fin des 80’s, alors qu'elle sort toujours des albums (sombres et difficiles d'accès, mais si beaux.) Quand elle n'est plus, que le miroir ne renvoie plus la même image. D'ailleurs le jeu sur le reflet des fenêtres, notamment de taxis est si ingénieux.
Nulle tristesse, car enfin Christa dépasse Nico, elle se sort d'un habit trop grand que d'autres avaient tissé pour elle. Elle semblerait presque heureuse dans les scènes les plus douces. La femme n'est pas facile, loin de là, passé douteux, présent houleux... Il en reste un portrait beau de par l'acceptation des ombres comme de celle d'une lumière qui peine à briller.
Marc Flageul