par Marc Flageul
Est-il besoin de présenter le fameux libertin ? Si oui, rappelons avant tout qu'il reste un grand auteur, ses aventures amoureuses ayant eu hélas l’heur de faire oublier cette facette de sa personnalité. Car contrairement à Sade qui écrivait pour justifier sa vie, c'est bien l'inverse que l'on retrouve chez Casanova. En ce 18e siècle, le héros débarque à Londres, ville déplaisante au plus haut point. Ici il va pourtant rencontrer l'amour en la belle La Charpillon, courtisane à la réputation sulfureuse, plus que lui ?
Et oui, ce 18e siècle, est parfait pour la caméra du cinéaste. Si l'homme sait expérimenter, il a aussi atteint une très rare maîtrise formelle dite classique. Benoit Jacquot, contrairement à nombres de réalisateurs français, sait parfaitement laisser les images parler d'elles-même, sans en faire des caisses dans la mise en scène tape à l'oeil. Le scénario quand à lui, est dans la plus pure tradition des films de l'homme, les thèmes de la fuite, de la femme inaccessible, forte et tourmentée sont de la partie.
Et pour jouer cette partition, Vincent Lindon et Stacy Martin incarnent les rôles principaux. Sur l'affiche l'acteur est de dos, c'est pourtant lui que l'on a vu sur les plateaux de télévision, et bien c'est pourtant presque un rôle de faire-valoir qu'il tient. C'est La Charpillon qui dirige les amours de ce Casanova vieillissant, mais aussi les aléas du scénario, c'est elle que l'on se prend à suivre, à imaginer, alors que le film est sensé tourner autour de Vincent Lindon. Bref comme pour les jeux de la séduction "Dernier Amour", réussit le pari de se garder une part de joli mystère.
Marc Flageul