sorti le 12/02/2020
Unique coupable potentielle du meurtre de sa meilleure amie avec qui elle avait passée la nuit précédant l’homicide, Lise se retrouve au tribunal deux ans après les faits. Malgré l’unité de lieu quasi unique, Stéphane Demoustier réussit à maintenir un rythme haletant sans enchaîner maladroitement les retournements de situations, mais en montrant plutôt les différentes interprétations de mêmes faits en fonction des discours que l’avocate générale et l’avocate de la défense font valoir.
De nombreux plans fixes assez longs sont utilisés pour filmer les visages successifs de ceux qui prennent la parole mais surtout celui de l’accusée qui écoute, répond et parfois se meurt. C’est dans ces longs moments de silence que la jeune Melissa Guers excelle à retranscrire un enfermement dû au traumatisme profond qu’elle a vécu.
Accusée à l’âge de 16 ans du meurtre de sa meilleure amie, les 6 mois d’emprisonnement suivis de l’assignation à résidence rendent non seulement impossible son deuil, mais détruisent surtout complètement les liens sociaux de cette adolescente ostracisée.
Tout le déchirement familial qui s’ensuit se dessine clairement à travers les paroles de la mère qui témoigne à la barre. Cette brisure entre les membres de la famille est présentée petit à petit, au cours des différentes interactions qu’ils entretiennent les uns avec les autres. Chacun gérant à sa façon ce drame et cette accusation, les liens qui unissent les deux parents à leur fille semblent d’autant plus forts que tous les agissements de celle-ci, jusqu’aux plus intimes, sont décortiqués par la Cour d’assises.
Sans vous gâcher le plaisir de découvrir les éléments de l’enquête, c’est finalement face à un dilemme moral que se retrouvent confrontés les jurés au moment de répondre aux deux questions : Lise a-t-elle tué Flora ? Si oui, ce meurtre était-il prémédité ?
Gwendal Ollivier