sorti le 29/01/2020
À qui appartient une œuvre ? À l’artiste ou à celui qui en a les droits ? La possibilité de publier des textes en ligne a changé notre rapport au texte. En effet, si une œuvre est refusée par un éditeur, elle peut être suivie en ligne par des milliers d’internautes qui ne déboursent rien pour l’apprécier. Une fois qu’une saga a atteint le rang de best-seller, n’est-elle pas traitée par certains éditeurs comme un simple produit, une « marque de dentifrice » pour citer le film ?
Le postulat de base du scénario semble aller dans cette direction : enfermer une équipe de neuf traducteurs dans une chambre forte sans le moindre accès avec le monde extérieur par peur d’une quelconque fuite et ce, afin d’assurer la sortie mondiale de l’ultime tome d’une trilogie policière. Cela déshumanise complètement les traducteurs considérés comme une armée de robots anonymes au service d’une « œuvre » qui les dépasse.
Heureusement, la révélation des motivations du personnage derrière la fuite du texte resserre la cible non plus sur les éditeurs en général mais bien sur celui incarné par Lambert Wilson en particulier. Bien que certains éléments comme le suicide d’un des personnages, paraissent un peu trop extrême, les retournements fonctionnent et conduisent à une fin plutôt satisfaisante.
Le jeu de l’incompréhension des différentes langues par tel ou tel personnage est parfaitement utilisé dans une séquence pleine de tension mais trop sous-exploité sur l’ensemble du métrage qui se paie tout de même un casting européen.
Régis Roinsard parvient à créer cette ambiance de tension en interrogeant à la fois l’anonymat des traducteurs et de l’auteur sans pour autant égaler Le Mystère Henri Pick dans lequel Rémi Bezançon jonglait habilement entre comédie et enquête.
Gwendal Ollivier