sorti le 22/06/2020
Leader du groupe Dionysos, Mathias Malzieu porte sur grand écran son propre roman "Une Sirène à Paris" paru en 2019 et accompagné d’un nouvel album. Cette adaptation apporte une esthétique visuelle très marquée notamment dans la façon dont il filme, éclaire et reconstitue les décors de Paris pour que les éléments fantastiques du récit se fondent parfaitement à la ville. Ainsi, l’arrivée de la sirène, dans le quotidien loufoque de Gaspard, qui se rend en roller à son travail de crooner sur une péniche-cabaret, ne déroute pas tellement ce dernier qui pense d’abord pragmatiquement à la sauver et la guérir.
La relation qui se construit entre les deux personnages se distingue d’une romance classique par le paradoxe qu’implique la sirène : s’il tombe amoureux d’elle, son coeur explosera et il mourra. Immunisé contre le chant mortel de la belle par son incapacité à aimer de nouveau, Gaspard, lui-même musicien, s’émerveille du talent de Lula. Les notes du chant, simples et efficaces, s’immiscent dans les morceaux des compositions instrumentales et sont reprises par de nombreux personnages.
Les acteurs adoptent un jeu théâtral bienvenu dans ce milieu du spectacle dans lequel ils gravitent. Les décors somptueux, emplis d’accessoires débordant d’idées à l’image du livre de surprisier de Gaspard, sont mises en valeur par des lumières irréalistes renvoyant à la scène du cabaret. Le travail du costume et du maquillage rend parfaitement crédible la queue majestueuse de la sirène qui ne rentre ni dans la baignoire, ni dans la voiture et se retrouve donc souvent au premier plan, sous les yeux émerveillés du spectateur.
Gwendal Ollivier