Eté 85

Attendu sur la Croisette en mai, le nouveau film de François Ozon sort finalement partout en France en ce mois de juillet… 2020 ? Ou peut-être 85 ? Adoptant un format de Super 16 (1,85:1) et jouant avec un étalonnage aux couleurs quelque peu saturées, le réalisateur ancre profondément son film dans l’époque qu’il dépeint.

Inspiré du roman Dance on My Grave d’Aidan Chambers, l’histoire se concentre sur Alexis, jeune qui se fait sauver en mer par David, point de départ d’une histoire d’amour et des problèmes d’Alexis. Construite comme une tragédie, la relation amoureuse des deux jeunes hommes est condamnée dès l’ouverture par Alexis qui annonce, en voix-off, la mort de David. Leur rencontre et le développement de leur romance sont alors dépeintes face au regard averti du spectateur qui connaît déjà le sort réservé à David.

Ozon réussit à capturer le romantisme de leur relation, telle que la voit Alexis, et l’oppose au libertinisme de David. Kate permet au narrateur d’envisager sa relation avec un regard extérieur et de prendre du recul, non pas sur les motivations et attirances de David, mais bien sur les siennes.

Bien qu’elle occupe une grande partie du métrage, la romance n’est pas, à proprement parler, le cœur de l’intrigue. Comme indiqué dans le titre original du roman de Chambers, ce sont les raisons qui ont poussé Alexis à danser sur la tombe d’un mort qui justifie son développement. Au-delà des promesses intimes et des disputes qui tournent au drame, c’est le portrait d’un jeune garçon de 16 ans attiré par les hommes que dresse François Ozon dans cet Été 85.

Gwendal Ollivier