sorti le 23/09/2020
Quand les riches gens s’ennuient, dans leur vie trop parfaite et bien huilée, le seul remède semble être la tromperie. Voilà le message que tant de films français, en particulier ces dernières semaines, essaient de nous faire passer. Bien triste message, surtout quand on le met en opposition au dernier film d’Emmanuel Mouret, “Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait”.
Ainsi, la subtilité et les nuances exposées longuement à travers les multiples histoires du long métrage de Mouret sont totalement absentes de celui de Fitoussi, dont l’adultère n’est pas motivé par l’amour mais au contraire par l’ennui. “Les Apparences” suit un couple de bourgeois français résidant à Vienne depuis quelques années. Se réunissant régulièrement entre français vivant dans la capitale autrichienne, les apparences du titre sont montrées à travers les quelques commérages de ses riches femmes se délectant des amourettes, dont on ne saura rien de plus que leur superficialité, que vivent un couple, récemment divorcé, de ce microcosme.
Alors que “Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait”, grâce à son style très théâtral, parvient véritablement à dresser un portrait subtil, à la fois triste et beau du sentiment amoureux à travers les multiples relations que les personnages ont vécues, l’amour semble absent des “Apparences”. En effet, les motivations d'Ève ne sont jamais vraiment montrées, car une bonne bourgeoise sait contrôler ses sentiments, ce qui fait douter des raisons de chacune de ses décisions. Ainsi, si le réalisateur appelle son film “Les Apparences”, il soutient probablement que le discours final de Henri est exact et que sa femme a bien tenté de sauver leur couple par pur souci d’apparence.
Cependant, si ce sont les apparences qui ont motivé sa femme à agir, pourquoi Marc Fitoussi dirige-t-il Karin Viard de cette façon quand son personnage explose et avoue enfin ses sentiments à son mari, sans se soucier de ces fameuses apparences ? Le problème ne vient certainement pas des acteurs qui parviennent à rendre crédible l’histoire du viennois qui se met à harceler Ève, dont l’issue dissone complètement avec le reste du métrage et l’achève par une note policière malvenue et bien trop survolée pour être vraisemblable.
Gwendal Ollivier