Lorsqu'Edna, la matriarche et veuve de la famille, disparaît, sa fille Kay et sa petite-fille Sam se rendent dans leur maison familiale isolée pour la retrouver. Peu après le retour d'Edna, et alors que son comportement devient de plus en plus instable et troublant, les deux femmes commencent à sentir qu'une présence insidieuse dans la maison. Edna refuse de dire où elle était, mais le sait-elle vraiment…
sorti le 07/10/2020
Avides de jump scare et autres films d’horreur pop-corn, passez votre chemin car la réalisatrice, Natalie Erika James, propose ici une véritable ambiance construite en crescendo. Comme souvent dans le genre horrifique, le sound design joue un rôle très important, en posant des nappes de musiques flottantes contrastant avec les silences tout en tension. Les lumières, elles aussi très travaillées, apportent une esthétique sombre et froide aux décors de cette maison de bois.
Suivant le point de vue de Kay et de sa fille, Sam, Relic dépeint les peurs liées à la maladie de l’Alzheimer dont la mère de Kay, Edna souffre. Cette question est subtilement explorée à travers les comportements et réactions des trois femmes, liées par le sang et symbolisant chacune leur génération face à la maladie.
D’abord, la grand-mère, paniquée par sa perte de mémoire, cherche à tout prix à conserver ses souvenirs matérialisés par l’album photo de famille qu’elle enterre et la bague qu’elle transmet. Rongée par l’oubli, son corps se retrouve progressivement couvert de marques noires alors que ses souvenirs décousus l’abandonnent. Ensuite, la mère, pragmatique, refuse dans un premier temps d’accepter la gravité de la situation. Toutefois, ayant la maturité suffisante, elle se rend compte du destin d’Edna et finit par la prendre par la main pour l’y accompagner. Enfin, la fille, pleine d’espoir, cherche à aider sa grand-mère coûte que coûte. Ingénue face à la maladie, elle se retrouve prise au piège de cette maison rongée de l’intérieur, à l’image d’Edna.
Ainsi, la réalisatrice fait de l’oubli, l’élément horrifique central de son premier long métrage, lui donnant tantôt, l’apparence d’une silhouette planant derrière les personnages comme l’ombre de la mort, tantôt celle d’un couloir obscur se rétrécissant indéniablement à mesure que l’on s’y enfonce. Mais ce sont avant tout les marques noires, recouvrant progressivement tout ce qu’Edna oublie, y comprit son propre corps, qui symbolisent au mieux cette perte inéluctable de la mémoire, annihilant à terme, l’identité même de la personne. Natalie Erika James synthétise donc avec brio, l’horreur que peut représenter la maladie d’Alzheimer que ça soit pour la personne atteinte mais aussi pour son entourage qui n’a d’autre choix que d’accepter la situation et de soutenir leur proche jusqu’au bout.
Gwendal Ollivier