Le Peuple Loup

Inspirée de la mythologie celtique, cette aventure est celle de Robyn, jeune fille se rêvant chasseuse de loup jusqu’au jour où elle va découvrir qui se cache au sein de cette meute d’apparence sauvage. Abandonnant progressivement le chemin de son père chasseur, pour tracer le sien dans la terre de la forêt auprès de la jeune Mève, sa quête d’identité et de liberté formera un véritable parcours initiatique de personnage.

Optant pour une animation 2D, le réalisateur met l’accent sur les couleurs et les formes, notamment dans les passages adoptant le point de vue subjectif des wolfwalkers, observant le monde davantage avec leur odorat qu’avec leurs yeux, les êtres sont perçus comme des silhouettes luminescentes laissant derrière elles des traînées de couleur scintillante. Les effets spéciaux discrets sont mis au profit du style d’animation à la main pour conserver une cohérence visuelle. Les proportions peu réalistes rappellent parfois des dessins d’enfants dans la façon de représenter la perspective mais sont surtout porteurs d’une forte symbolique.

Alors que tous les éléments attachés à la ville semblent carrés, droits ou au minimum angulaires, la forêt, ses arbres et ses habitants ne sont que courbes et rondeurs. Ainsi, la ville au loin, représentée dans une étrange perspective du dessus, conserve toujours son aspect rigoureusement carré et tous les éléments en son sein (remparts, tables, pilori, etc.) adoptent cette logique d’ordre et de droiture. A contrario, les formes des branches feuillies de mille couleurs, des chevelures rousses de la mère et la fille wolfwalkers, et de l’union des deux filles tournant en boule, dessinent constamment une rondeur à l’image de la nature qui ne construit pas de chose droite mais qui tend pourtant vers une forme d’organisation bien plus merveilleuse et sublime.

Un peu plus machiavélique que Princesse Mononoke dont le réalisateur ne cache pas l’inspiration, la vision d’une nature rongée par l’homme s’accorde à celle du grand maître de l’animation japonaise. L’aspect plus spirituel, lié aux loups et au folklore irlandais est sublimé par une musique très appropriée qui transporte petits et grands dans cet univers à l’esthétique à contre-courant de l’habituelle animation 3D. Cette magie liée à la nature, que l’homme ne peut s’empêcher de détruire, émerveille et donne envie de fuir au cœur de la forêt, courant au sein de ce peuple loup.

Gwendal Ollivier