Holiday


Holiday
Réalisateur :
Guillaume Nicloux
Pays d'origine :
FR
Titre original :
Durée :
1h30
Année :
2010
Date de sortie nationale :
Genre :
CO,PO
Casting :
Jean-Pierre Darroussin, Josiane Balasko, Judith Godrèche…
Synopsis :
Un soir, Michel Trémois échoue dans la pharmacie d’une gare de province et se remémore le fil des événements qui, en deux jours, ont fait basculer sa vie : parti en week-end avec sa femme Nadine pour reconstruire leur couple et sauver leur sexualité, rien ne s’est finalement passé comme prévu… Après une nuit folle et tumultueuse agrémentée de rencontres singulières, le réveil de Michel est brutal et douloureux. Non seulement il se retrouve accusé de meurtre mais sa femme est introuvable…
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par Karine Baudot

Depuis quelques an­nées, la France est pi­quée d'un vif in­té­rêt pour Aga­tha Chris­tie : Mon petit doigt m'a dit, Le grand alibi, et autres adap­ta­tions sur petit et grand écran fleu­rissent ré­gu­liè­re­ment. Cette fois, c'est Guillaume Ni­cloux qui s'en­gouffre dans la brèche, sans pour au­tant adap­ter un livre de la ro­man­cière. Ho­li­day marque pour­tant une rup­ture dans la car­rière du ci­néaste, qui jusqu'ici œu­vrait da­van­tage dans le hard-boi­led que dans le who­dun­nit. Tra­duc­tion : ses films pré­cé­dents mi­saient sur l'am­biance pois­seuse et la psy­cho­lo­gie tor­tueuse, plus que sur l'in­trigue à pro­pre­ment par­ler ; cette fois, il adopte la for­mule éprou­vée com­po­sée d'un lieu clos, d'un meurtre et d'une di­zaine de sus­pects. Mais y ap­porte sa touche per­son­nelle.

Mi­chel Tré­mois (Jean-Pierre Darroussin) part en week-end avec sa femme Na­dine (Ju­dith Go­drèche) et sa belle-mère tout juste sor­tie d'une rup­ture (Josiane Balasko). Mais la des­ti­na­tion s'avère plu­tôt mal choi­sie : le châ­teau de Mer­cuès re­gorge d'in­vi­tés in­quié­tants (le dé­pres­sif, l'ob­sé­dé aux dents pour­ries, la chan­teuse in­som­niaque...), et la mort rôde.

Mal­gré l'ap­proche très "Clue­do" du scé­na­rio, Ni­cloux ne donne pas dans le Poi­rot de base : le per­son­nage prin­ci­pal n'est pas l'en­quê­teur mais un des sus­pects, et l'in­trigue os­cille au­tant du côté du mur­der mys­te­ry que de la co­mé­die de mœurs. D'ailleurs, bien que sa fil­mo­gra­phie n'ait ja­mais été exempte d'hu­mour noir, le réa­li­sa­teur n'a ja­mais rien livré qui res­semble aussi clai­re­ment à une co­mé­die. La pro­mo­tion a peut-être ten­dance à sur­vendre cet as­pect : l'af­fiche an­nonce "une co­mé­die po­li­sexe", jeu de mots pous­sif que l'on au­rait pu ai­sé­ment rem­pla­cer par l'an­nonce d'un film avec Jean-Pierre "dard ou sein" et Ju­dith "gode rêche"...

La dis­tri­bu­tion est as­su­rée par mk2, qui pense sans doute tenir en Guillaume Ni­cloux son nou­veau Claude Chabrol : polar à la fran­çaise, équi­libre dé­li­cat entre tra­di­tio­na­lisme et pro­voc bour­geoise... La per­ver­sion a ici quelque chose de pé­père ; hoho, les per­son­nages fument des joints, héhé, les ébats sont par­fois ex­tra-conju­gaux. A l'ar­ri­vée, le film pose deux pro­blèmes : d'une part il n'at­teint ja­mais le ni­veau du gé­né­rique élé­gam­ment dé­goû­tant qui l'ouvre, d'autre part il semble hé­si­ter constam­ment entre son sujet "po­li­cier" et son thème "in­ti­miste" (le pro­blème de couple de Dar­rous­sin et Go­drèche). Comme si Ni­cloux et son coscéna­riste Jean-Ber­nard Pouy ne sa­vaient pas trop quel pu­blic viser, ainsi qu'en té­moignent les blagues lour­de­ment ex­pli­ci­tées, et la te­neur assez fa­mi­liale de la vio­lence et du sexe conte­nus dans le film. La bonne nou­velle, c'est que le réa­li­sa­teur prend vi­si­ble­ment plai­sir à di­ri­ger de nou­veau Ba­las­ko (qui était sa ve­dette dans Cette femme-là) et sur­tout Dar­rous­sin, qu'il pour­rait bien re­trou­ver pro­chai­ne­ment pour une suite tar­dive du Poulpe (le pre­mier date déjà de 1998). Au rayon des sur­prises agréables, on note éga­le­ment la bande ori­gi­nale de Ju­lien Doré, qui donne à l'en­semble son ton dé­ca­lé.

Sans être une grosse réus­site, Ho­li­day consti­tue un di­ver­tis­se­ment rai­son­na­ble­ment ori­gi­nal, en at­ten­dant La re­li­gieuse, le pro­chain film du ci­néaste.

Karine Baudot