sorti le 22/09/2021
Après son détour nostalgique dans les années 80, François Ozon s’attaque à l’adaptation de l’œuvre éponyme d’Emmanuèle Bernheim, narrant sa propre histoire. Hospitalisé suite à un accident vasculaire, le père d’Emmanuèle et Pascale, âgé de 85 ans, souhaite en finir. Ne s’entendant pas très bien avec sa cadette, André fait reposer toute l’organisation qu’implique sa décision sur les épaules de son aînée qui, aimant profondément son père, se voit sent obligée de l’aider à mourir.
Maintes fois récompensé dans différents festivals internationaux et nommé au César du Meilleur Film, le réalisateur français revient une nouvelle fois avec un sujet frappant droit au cœur mais rendu tabou par son illégalité : l’euthanasie. Adaptant le livre de Bernheim, le point de vue de l’auteur est bien retranscrit par le réalisateur qui adopte une mise en scène discrète, des plans fixes proches des comédiens, des lumières naturelles se voulant réalistes et des musiques souvent intra-diégétique, c’est-à-dire écoutées par les personnages eux-mêmes.
L’incarnation de Sophie Marceau et Géraldine Pailhas dans le rôle des deux sœurs est juste et touchante, retranscrivant ce conflit intérieur entre l’envie de respecter la décision de leur père et le refus de le laisser partir. De même, André Dussollier retranscrit habilement cette dualité entre cet homme autrefois sévère mais féru d’art, désormais affaibli physiquement par son accident et piégé dans une forme d’innocence de laquelle il joue pour se déresponsabiliser de ses décisions, provoquant parfois le sourire entre les larmes.
André : « Je me demande comment font les pauvres. »
Emmanuèle : « Bah ils attendent leur mort. »
André : « Les pauvres… »
À l’image de ce simple échange faisant émerger le sourire d’une vérité triste et crue, le choix des mots transpire le réel. « En finir » plutôt que « mourir » appuie par exemple l’enjeu et la difficulté d’une telle décision autant pour le concerné que pour ses proches. Et cette tournure des phrases s’ancre profondément dans la mémoire de ceux qui restent, avant parfois de s’extérioriser dans un livre, adapté en film, mais dont la dureté résonne toujours, « tout s’est bien passé ».
Gwendal Ollivier