Dune

Adaptation du livre de Frank Herbert, considéré comme chef-d'œuvre littéraire de la Science-fiction, par Denis Villeneuve, réalisateur faisant couler l'encre des critiques par sa mise en scène millimétrée et esthétiquement très épurée, Dune était attendu comme le messie cinématographique de cette année 2021.

Dans un futur très lointain, Paul Atréides se rend sur la dangereuse planète Arrakis dont son père, le Duc Leto, vient d'hériter. Suivant les pas de sa mère à travers une formation mystico-religieuse, pourtant réservée aux femmes, inculquée par l'ordre du Bene Gesserit, ce jeune homme va devoir s'endurcir pour apprendre à dompter sa peur. L'installation de l'univers complexe d'Herbert est rondement menée par Villeneuve qui simplifie légèrement le livre qu'il adapte, en allégeant par exemple le nombre de personnages, mais parvient tout de même à capter les enjeux politiques pesant derrière cette planète de sable. Hélas, ce premier acte de film aurait tout de même gagné à être allongé afin de permettre au spectateur de mieux comprendre les enjeux et d'apprécier pleinement les scènes d'actions qui surgissent au tournant du dernier acte.

Allant chercher Greig Fraser, directeur de la photographie de Rogue One, le sentiment de grandeur et de gigantisme retranscrivent tout logiquement la taille démesurée des vaisseaux et des vers des sables par une présence systématique de personnages semblant minuscules dans le cadre. Le tout est rendu très crédible par des effets spéciaux irréprochables notamment sur les effets de mouvements sous le sable faisant monter la tension lors des apparitions (en particulier la première) des fameux vers géants.

Toutefois, ces décors sont souvent trop épurés, plaçant des personnages seuls dans de grandes pièces vides et sans détail, donnant le sentiment d'un univers qui, malgré son grandiose, ne semble pas réellement vivre comme tous les univers de SF, ironiquement inspirés du livre de Herbert, vivent. À l'image des décors, le casting cinq étoiles est mis au service de personnages froids et peu attachants, y compris lors des nombreuses morts qui n'affectent ni le personnage principal, ni le spectateur.

Seconde collaboration avec Villeneuve, Hans Zimmer pose une nouvelle fois des ambiances lourdes en basses et vibrante dans l'action immergeant intensément le spectateur dans cet univers lointain et cette histoire au ton tragique. Toutefois, la redondance du thème principal, chant tribal scandé par une femme, est excessive et utilisée sans réel sens.

Reprenant le rythme de Blade Runner 2049, la lenteur et la contemplation sont au rendez-vous pour le plus grand plaisir des fans de Villeneuve. Malheureusement, ce parti pris était précisément ce qui avait causé l'échec financier de ce dernier auprès du grand public et avait stoppé net la production d'un troisième volet. Une suite de Dune est pourtant bien dans les plans du réalisateur qui n'adapte ici que la première moitié du livre de Herbert et le rappelle clairement en sous-titrant son film, "Part One". Tout dépendra donc du public pour que la Warner décide ou non de financer de nouveaux voyages vers la lointaine planète Arrakis, aussi nommée Dune.

Gwendal Ollivier