sorti le 29/09/2021
Huitième adaptation cinématographique du roman éponyme d’Honoré de Balzac, Eugénie Grandet suit le point de vue d’une jeune femme dont le père a su s’enrichir grâce à son sens aigu des affaires et son avarice prononcée. La mort seule peut donc venir perturber la vie bien rangée de cet homme qu’Eugénie ne connaît pas si bien, elle qui passe ses journées à s’ennuyer avec sa mère.
Collant au style qu’il adapte, le réalisateur adopte un rythme plutôt lent, justement ponctué par les morts des personnages qui gravitent au sein de cette famille Grandet et qui vont petit à petit exposer Eugénie à qui était véritablement son père pour en faire une femme plus forte et pleinement indépendante. Allant totalement à l’encontre des mœurs, Balzac prône, à travers Eugénie, la reconsidération de la femme en tant qu’individue en montrant la monotonie d’un quotidien et en allant à l'encontre des mœurs du mariage avec l’émancipation progressive des codes de la société dans laquelle elle vit.
Marc Dugain opte pour une mise en scène posée, peu de mouvements de caméra hormis quelques panoramiques suivant les brefs déplacements des personnages. Toutefois, des décadrages subtils viennent marquer le désaccord dans un échange ou montrer simplement que le personnage n'est pas à sa place. Une utilisation de grand angle sur le père pour déformer discrètement le cadre et rendre cette figure paternelle plus imposante répond logiquement au choix de costume (large chapeau trônant sur sa tête).
Un travail sur l’éclairage à la bougie et les lumières naturelles qui renforce la froideur des peaux des comédiens. Leurs vêtements tout aussi peu colorés appuient complétement cette image fade mais réaliste et donc immersive. Quelques notes de piano font de rares apparition pour ponctuer ces phrases éloquentes de vieux français ou renforcer les émotions d’Eugénie Grandet.
Gwendal Ollivier