sorti le 01/12/2021
Alors que la parole des victimes de viol se libère enfin partiellement, Yvan Attal adapte à l’écran le roman de Karine Tuil, prix Interallié et Goncourt des lycéens en 2019, pour mettre en exergue la complexité et la subtilité du sujet, jouant avec cette frontière, la « zone grise » entre séduction et abus.
Charlotte Gainsbourg revient de nouveau devant la caméra de son compagnon dans le rôle d’une mère féministe militante publique qui ne peut accepter de croire que son fils ait pu commettre un viol. Incarné par leur ainé, Ben Attal, Alexandre est un jeune bourgeois étudiant aux États-Unis qui, de retour en France pour le weekend, parvient difficilement à voir l’un et l’autre de ses parents séparés. Après que sa mère l’invite à rencontrer son nouveau compagnon et sa fille, les deux adolescents vont ensemble à une soirée qui sera passée sous silence. Le lendemain, Alexandre est accusé de viol et semble ne rien comprendre à sa situation, tandis que Mila semble dévastée par ce qui lui est arrivé.
Adoptant d’abord le point de vue de Lui puis d’Elle pour ensuite jongler entre les deux durant le procès entrecoupé des scènes de flashbacks de la soirée où les faits se sont produits, le réalisateur sème le doute dans l’esprit du spectateur, l’obligeant à remettre en question ses propres a priori sur la question de la vérité dans une accusation de viol. Ainsi c’est bien notre propre scepticisme qu’Yvan Attal souligne tout au long de ce procès qui a lieu enfin, 30 mois après les faits.
Cette longue attente est soulignée par le réalisateur qui en fait le troisième sous-titre de son film, dénonçant la lenteur du système judiciaire. De plus, Mila se voit obligée de raconter son agression encore et encore devant les différents membres du poste de police puis de passer à nouveau au peigne fin les moindres détails de la soirée sous les questions bien placées de l’avocat de l’accusé, très bien interprété par Benjamin Lavernhe et qui justifie avec un brio inquiétant ces choses humaines.
Gwendal Ollivier