The Batman


The Batman
Réalisateur :
Matt Reeves
Pays d'origine :
US
Titre original :
The Batman
Durée :
2h57
Année :
2022
Date de sortie nationale :
02/03/2022
Genre :
AC,PO,DR
Casting :
Robert Pattinson, Paul Dano, Colin Farrell, Zoe Kravitz, Andy Serkis…
Synopsis :
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs

Deux années à arpenter les rues en tant que Batman et à insuffler la peur chez les criminels ont mené Bruce Wayne au coeur des ténèbres de Gotham City. Avec seulement quelques alliés de confiance - Alfred Pennyworth, le lieutenant James Gordon - parmi le réseau corrompu de fonctionnaires et de personnalités de la ville, le justicier solitaire s'est imposé comme la seule incarnation de la vengeance parmi ses concitoyens. Lorsqu'un tueur s'en prend à l'élite de Gotham par une série de machinations sadiques, une piste d'indices cryptiques envoie le plus grand détective du monde sur une enquête dans la pègre, où il rencontre des personnages tels que Selina Kyle, alias Catwoman, Oswald Cobblepot, alias le Pingouin, Carmine Falcone et Edward Nashton, alias l'Homme-Mystère. Alors que les preuves s'accumulent et que l'ampleur des plans du coupable devient clair, Batman doit forger de nouvelles relations, démasquer le coupable et rétablir un semblant de justice au milieu de l'abus de pouvoir et de corruption sévissant à Gotham City depuis longtemps.
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sorti le 02/03/2022

Réalisateur talentueux nous ayant donné l’une des meilleures trilogies des années 2010, Matt Reeves s’appuie comme promis sur la facette d’enquêteur de son personnage bien plus que sur celle super-héroïque. Rythmant ainsi son histoire de tueur en série à la Fincher avec les codes du genre, il ne parvient pas à égaler l’attente et le mystère que pouvait provoquer Zodiac ou Seven. En plus de faire traîner ces build-up pour amener à des scènes d’action souvent trop courtes, le film livre sa séquence la plus impressionnante au bout d’une heure et ne parvient ensuite plus à redécoller. Jouant sur la case du réalisme, cette séquence de course poursuite en voiture mêlant des effets pratiques à des effets spéciaux parfaitement invisibles, est maîtrisée avec brio par le réalisateur qui accroche sa caméra directement sur les voitures pour nous donner cette sensation d’immersion physique dans l’action et un sentiment d’urgence puissant.

Comme à son habitude, Greig Fraser livre une photographie sublime, travaillant énormément la profondeur du noir dans lequel apparaissent les personnages ainsi que des lumières nocturnes très marquées avec le orange des flammes et le rouge des lampes de secours, des voitures de police, puis d’une fusée de détresse finale. Au-delà de la nuit et des crépuscules orangés, le flou très esthétisé retranscrit l’incertitude autour des personnages et des éléments de l’enquête. Filmant régulièrement le héros de dos, sa longue cape et ses deux oreilles font ressortir tout son décalage avec les criminels et les policiers par cet aspect menaçant presque bestial. Achevant la séquence de course poursuite, le plan renversé en vision subjectif du Pingouin, caractérise parfaitement cette image d’homme animal se tenant, comme une chauve-souris, les pieds en l’air.

Michael Giacchino compose une bande originale lourde et angoissante avec un thème principal évoquant quelque peu son aîné de Batman V Superman mêlé tout de même à une forte influence du titre Something in the Way de Nirvana, joué en début et fin et de film. Se basant sur deux notes montant en crescendo, l’orchestration varie suffisamment à chaque apparition du justicier vengeur pour permettre d’imposer des montées en tension préparant chacune de ses arrivées ; un thème simple d’apparence mais pourtant grandiose dans son déploiement. L’inspiration de Kurt Cobain se retrouve aussi dans le look et le jeu de Pattinson incarnant un Bruce grunge voire emo, des cernes de dix centimètres sous les yeux et des lèvres toujours pincées couplées d’un regard mi-enragé mi-suicidaire.

Si le travail de Burton se fait sentir dans l’architecture et l’ameublement gothiques du manoir Wayne, celui de Nolan se retrouve dans le traitement très terre à terre de cet univers de comics. Plus jeune, plus sombre, plus réaliste, plus torturée mais malheureusement plus froide, cette nouvelle version du héros DC manque tout de même cruellement d’explorer la double identité, les relations (comme celle avec Alfred, assez anecdotique) et les motivations de l’homme qui se cache sous le masque du Batman.

Gwendal Ollivier