Goliath
France, professeure de sport le jour, ouvrière la nuit, milite activement contre l'usage des pesticides. Patrick, obscur et solitaire avocat parisien, est spécialiste en droit environnemental. Mathias, lobbyiste brillant et homme pressé, défend les intérêts d'un géant de l'agrochimie. Suite à l'acte radical d'une anonyme, ces trois destins, qui n'auraient jamais dû se croiser, vont se bousculer, s'entrechoquer et s'embraser.
sorti le 09/03/2022
Suite au suicide d’une jeune agricultrice militant contre un pesticide reconnu par l’OMS comme dangereux, une activiste, un avocat en droit environnemental conscient du cynisme de sa profession, et un brillant lobbyiste vont s’entrechoquer dans une joute où l’argent et l’éloquence des lobbyistes semblent avoir plus d’importance aux yeux des décisionnaires d’état que la vie et le bien-être des agriculteurs et du peuple.
Dès les premières minutes du métrage, la surexposition volontaire de chaque plan saute aux yeux. Les hautes lumières, complètement blanches d’information, brûlent tout le détail des extérieurs des fenêtres, des lumières artificielles trop vives voire même des réflexions aveuglantes du soleil sur les visages des personnages. Cette utilisation visuellement très agressive des hautes lumières métaphorise ce problème qui nous cerne et nous frappe au quotidien mais que nous préférons simplement ignorer. Seul le cadre tranquille et superficiel de la famille bourgeoise du lobbyiste échappe à cette intention photographique très forte de Renaud Chassaing qui confère une véritable patte au long métrage de Frédéric Tellier.
Malgré une utilisation hasardeuse de la shaky cam, les scènes de tensions sont prenantes et sublimées par une musique lourdement efficace, composée principalement de guitares électriques, basses et claviers. Car ces confrontations idéologiques et d’intérêts amènent naturellement à une montée de la violence virtuelle et physique. Contrant l’usage des armes démocratiques (manifestations réprimées par la police), médiatiques (dénonciations sur les réseaux sociaux tournées en dérision par des équipes de communication), et rhétoriques (discours enragé détruit par l’éloquence et la démonstration simpliste), les lobbyistes ont réponse à tout, et n’avouent jamais publiquement leurs torts. Les mots de l’avocat « est-ce que les bourreaux gagnent toujours face à leurs victimes ? » résonnent alors comme une question pessimiste mais terriblement réaliste que le réalisateur semble directement nous poser : est-ce que David parviendra cette fois-ci à battre Goliath ?
Gwendal Ollivier