sorti le 16/03/2022
À mi-chemin entre la fiction et le documentaire, ce nouveau long métrage de Jean-Jacques Annaud relate l’incendie tragique de la cathédrale emblématique de Paris, encore fraichement inscrit dans nos mémoires. S’appuyant ouvertement sur les nombreuses images filmées par la foule présente lors de l’évènement, l’implication dans ce qui se joue à l’écran est d’autant plus forte car tout nous rappelle que cela s’est réellement produit. Tout logiquement, la photographie, tant par ses couleurs que par le format de son cadre, conserve une esthétique simple, proche de celle télévisuelle, afin de mêler passages fictionnalisés et images réelles le plus discrètement possible. Ainsi, le réalisateur a souvent recours à des split-screen pour mettre en relation deux ou trois cadres côte à côte dans un même plan ; le travail des pompiers souvent mis face aux images filmées il y a presque trois ans. Les escaliers et passages très exigus dans lesquels se faufilent les pompiers et la caméra qui les suit renforcent parfaitement l’immersion au cœur de la catastrophe.
La participation de la Maire de Paris, Anne Hidalgo, dans son propre rôle ainsi que l’utilisation d’images d’archives d’Emmanuel Macron et des innombrables présentateurs des journaux télévisés ancrent le film dans son époque en soulignant l’importance des médias voire leur débordement alors que les motos de TF1 accèdent plus rapidement à l’île de la Cité que le général des pompiers. Dans cette même logique, Annaud insiste sur l’erreur humaine, entre les ouvriers laissant leurs cendres de cigarette tomber sur la charpente de bois, les agents de sécurité qui ne pensent pas à utiliser l’extincteur à portée de main contre les premières flammes, les réactions égoïstes des conducteurs et des passants se servant du passage des pompiers pour avancer plus vite à travers les bouchons… Pourtant, en dépit de tous ces comportements irrationnels, le réalisateur dépeint finalement l’union du peuple parisien dans toute sa diversité, retenant son souffle face à ce drame.
La sous-intrigue du régisseur entache toutefois l’effet tragique et universel de cet évènement par une focalisation sur un personnage spécifique, dépeint comme le plus grand cliché du bobo parisien et interprété avec exagération, le tout pour aboutir à une recherche absurde de la millième clé pour un ouvrir coffre dont seules 2 personnes connaissent le code. De même la bande originale use du classique orchestre symphonique pour d’abord sublimer quelque peu lourdement la beauté de l’édifice ancestral, puis virer au tragique alors que sa destruction progressive semble inévitable, pour enfin actionner la partition héroïque alors que les pompiers redoublent de courage pour empêcher les flammes de dévorer Notre-Dame.
Gwendal Ollivier