sorti le 30/03/2022
Mêlant l'univers du cirque sur un fond de Seconde Guerre mondiale à celui d’une petite famille recomposée dont tous les membres sont dotés de pouvoirs extraordinaires, Gabriele Mainetti évoque fortement Guillermo Del Toro entre son mélange du fantastique à la guerre dans El Laberinto del fauno ou sa représentation des freaks dans la première moitié de Nightmare Alley. Si les relations des personnages et leurs dons peuvent aussi vaguement rappeler les X-Men, le film se détache clairement de ces références pour créer son propre univers, riche et captivant, peuplé de personnages attachants ou détestables mais tous profondément humains.
Accroché à la dure réalité de la guerre, violence, sexe et vulgarité sont au rendez-vous, rappelant tristement à Hollywood qu'une représentation de la vie sans censure morale est bien plus immersive et attachante pour le spectateur. Ainsi les envies primaires des personnages semblent tout à fait naturelles tandis que leurs prises de risques nous font réellement craindre pour leur vie. De même, à l’encontre de la grande Mêlant l'univers du cirque sur un fond de Seconde Guerre mondiale à celui d’une petite famille recomposée dont tous les membres sont dotés de pouvoirs extraordinaires, Gabriele Mainetti évoque fortement Guillermo Del Toro entre son mélange du fantastique à la guerre dans El Laberinto del fauno ou sa représentation des freaks dans la première moitié de Nightmare Alley. Si les relations des personnages et leurs dons peuvent aussi vaguement rappeler les X-Men, le film se détache clairement de ces références pour créer son propre univers, riche et captivant, peuplé de personnages attachants ou détestables mais tous profondément humains.
Accroché à la dure réalité de la guerre, violence, sexe et vulgarité sont au rendez-vous, rappelant tristement à Hollywood qu'une représentation de la vie sans censure morale est bien plus immersive et attachante pour le spectateur. Ainsi les envies primaires des personnages semblent tout à fait naturelles tandis que leurs prises de risques nous font réellement craindre pour leur vie. De même, à l’encontre de la grande majorité des productions américaines, la confrontation des langues est traitée avec réalisme, les italiens et les allemands s’exprimant dans leur langue maternelle respective. La barrière de communication s’ajoute donc à celle visuelle créée par l’omniprésence des symboles du troisième Reich sur chaque drapeau, chaque costume et à chaque coin de rue.
Malgré la simplicité du cliché des méchants nazis contre les gentils, la représentation de la résistance italienne, usant aussi de la violence, suit l’idée indiquée par un personnage « à la guerre il n’y a pas de gagnant, seulement des perdants ». Victime de l’idéologie fasciste de son camp, l’antagoniste principal, Franz (Franz Rogowski), bénéficie d’une intéressante construction de personnage sans pour autant gommer la froideur et les excès de colère à l’encontre de ses prisonniers innocents. Son pouvoir de clairvoyance est brillamment illustré dans une séquence subjective sous drogue ainsi que par chacune de ses reprises au piano de tubs comme « Creep » de Radiohead, loin d’être sorti à cette époque. L’ensemble de la bande originale composée par le réalisateur et son collaborateur habituel, Michele Braga, joue sur plusieurs gammes sans jamais délaisser la nature musicale traditionnelle de ses personnages au profit de thèmes trop grandiloquents et orchestraux y compris dans son climax dont l’envolée épique de la musique est mise en pause pour revenir à un thème plus doux et personnel.
Classique mais non moins efficace, la présentation des pouvoirs de chacun des personnages se fait à tour de rôle durant une représentation foraine à l’intérieur d’un chapiteau. La séquence s'achève de manière abrupte par le bombardement du lieu de spectacle puis de la ville tout entière, le tout capturé en un seul plan-séquence renforçant naturellement l’immersion face à l’horreur de l’élément déclencheur, à savoir l’arrivée des nazis. Maîtrisés avec brio, les effets spéciaux sont invisibles et utilisés avec parcimonie pour la reconstitution des villes, les scènes de combats et les utilisations sublimes des dons de Cencio (Pietro Castellitto), contrôlant les insectes, et de Mathilde (Aurora Giovinazzo), maniant l’électricité. Habitués à la vision hollywoodienne de pouvoirs surpuissants débordant du corps du héros, le réalisateur italien nous propose une belle alternative visuelle avec une apparence translucide des rayons lumineux à travers la peau de son héroïne, faisant apparaître ses os et même son cœur s’accélérant face à son don qu’elle parvient difficilement à maîtriser. Plongée dans une industrie cinématographique débordant de films de super-héros, il est peut-être temps que l’Europe revienne à un genre qui était sien dans les premiers temps du cinéma et se mette enfin elle aussi à lâcher ses freaks !
Gwendal Ollivier