sorti le 04/05/2022
Après le sublimement tragique Amanda, Mikhaël Hers nous livre pour son quatrième long métrage, une plongée sensorielle dans les années 1980. En plus de la playlist eighties qui ponctue agréablement les scènes sans tomber dans la nostalgie à outrance par le choix de titres surutilisés, Anton Sanko collabore de nouveau avec le réalisateur pour composer une bande originale exclusivement basée sur des sons synthétiques contribuant harmonieusement à l’ambiance musicale de cette époque révolue mais qui fascine pourtant encore beaucoup d’artistes contemporains. L’immersion dans le passé est aussi appuyée par l’utilisation de différents formats de cadre et de pellicule, donnant une sensation d’images d’archives datant des années 60-70 sur certains plans et apportant sur l’ensemble, ce grain esthétique typique du cinéma argentique.
Construisant son récit autour d’une mère récemment séparée et de ses enfants, tous deux en âge de commencer à prendre leur indépendance, Mikhaël Hers dépeint des morceaux de vie de ses personnages. Placée au cœur du moteur dramatique, Charlotte Gainsbourg apporte une authentique fragilité, contrebalancée par une force morale et surtout une puissante empathie qui caractérise son personnage. En parallèle de la mère, le point de vue du fils, interprété par la nouvelle tête de Quito Rayon Richter, porte finement ce second regard éclairant les relations et les parts d’intimité au sein de cette famille.
Alors que la mère se lance dans de nouveaux jobs, elle fait la rencontre de la jeune Talulah (Noée Abita) et lui offre sa gentillesse. Dès lors, sans jamais devenir l’enjeu principal, les relations de la mère et du fils se construisent, se défont, voire s’achèvent avant même d’avoir commencé. Accordant une place importante aux ellipses, l’histoire suit son cours sans réel sentiment de progression dramatique artificielle, ses personnages devenant un peu plus humain à mesure de notre voyage face à ces passagers de la nuit.
Gwendal Ollivier