Champagne !

À mi-chemin entre Les Petits Mouchoirs et un teen movie, le nouveau long métrage de Nicolas Vanier se veut touchant, à l’image de sa filmographie, mais aussi hilarant. Reprenant l’histoire mille fois rejouée du groupe d’amis quinquagénaires se réunissant dans une grande maison de vacances pour passer du bon temps et qui se retrouvent inévitablement à déterrer reproches et tromperies face à l’arrivée d’un élément perturbateur, le réalisateur parvient à rendre chacun de ses protagonistes crédibles et attachants au point de nous perdre complètement dans les échanges musclés ponctués de citations hétéroclites et de nous joindre de bon cœur à leurs fou-rires partagés.

Au sein du paysage des comédies françaises cherchant plutôt le fonctionnel à l’esthétique, plusieurs idées visuelles ponctuent le métrage d’une modernité bien placée. Rappelant dès son générique, plus d’une série Netflix, les noms des acteurs et de l’équipe apparaissent en 3D au sein des décors de campagne captés par une caméra libre de ses mouvements pour suivre le trajet d’une petite voiture elle aussi en animation. Plan de prime abord anodin, le split-screen, divisé entre une colombe perchée sur un arbre d’un côté et un écran de portable indiquant l’évolution de la météo de l’autre, prépare inconsciemment d’entrée au dernier acte.

Cette modernité visuelle est naturellement mise au service d’un scénario et de personnages profondément représentatifs de problématiques actuelles. Omniprésents dans les séries Netflix justement, les personnages LGBTQI+ gagnent enfin progressivement le cinéma populaire français, comme a pu le démontré le succès des Crevettes Pailletées et de sa suite sortie il y a quelque mois, tous deux dans une démarche ostentatoire de célébration de la différence, mais aussi par une banalisation de celle-ci, grâce à des représentations quotidiennes ne jouant pas nécessairement un rôle dans l’intrigue, mais faisant pourtant partie intégrante d’un personnage, comme Clovis Cornillac a pu le montrer dans C’est Magnifique !. Ainsi, la maladresse de la nouvelle petite amie de l’ex-célibataire endurci du groupe, permet au réalisateur de livrer un discours critique sur les schémas de pensée réactionnaires ou simplement naïfs des gens mal à l’aise car peu renseignés face à des sujets allant de l’homosexualité au classisme. Tournant le tout avec humour, Nicolas Vanier invite le spectateur à se moquer de ces clichés et préjugés infondés. Toutefois, ce sont bien l’amour et l’amitié qui triomphent et unissent tout ce petit monde au détour de citations bien placées, de sourires et de regards sincères mais surtout de festives dégustations de Champagne !

Gwendal Ollivier