Avatar : la voie de l'eau


Avatar : la voie de l'eau
Réalisateur :
James Cameron
Pays d'origine :
US
Titre original :
Avatar : The Way of Water
Durée :
3h13
Année :
2022
Date de sortie nationale :
14/12/2022
Genre :
AV,SF
Casting :
Sam Worthington, Zoe Saldana, Sigourney Weaver, Stephen Lang, Cliff Curtis…
Synopsis :
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs

Se déroulant plus d’une décennie après les événements relatés dans le premier film, ce nouvel opus raconte l'histoire des membres de la famille Sully (Jake, Neytiri et leurs enfants), les épreuves auxquelles ils sont confrontés, les chemins qu’ils doivent emprunter pour se protéger les uns les autres, les batailles qu’ils doivent mener pour rester en vie et les tragédies qu'ils endurent.
Filtres
Version
Format
image
confort
son
Version
Format
image
confort
son

sorti le 14/12/2022

13 ans après la sortie du film ayant instantanément marqué la pop-culture, l’industrie cinématographique et surtout le public, sa suite tant attendue débarque dans nos salles. Comme nous le laissait deviner les bandes annonces, la claque visuelle est indéniable, affirmant l’avance de Weta Workshop sur toutes les entreprises d’effets spéciaux. Si l’effet de surprise n’est pas aussi fort qu’en 2009, la précision des textures de peau et des interactions de l’eau sur les corps est tout simplement inégalée à ce jour. Reproduisant les mouvements naturels d’un cadreur, la caméra « portée » rend une fois de plus Pandora profondément réelle et palpable. Encore plus agréable que dans le premier film, la 3D est fluidifiée par l’augmentation du nombre d’images par seconde de 24 à 48 dans l’intégralité des séquences aériennes et sous-marines ainsi que dans certaines séquences à la surface.

L’arrivée du son au cinéma à la fin des années 1920 a obligé l’industrie à définir un nombre d’images par seconde constant et universel. Le 24fps (frames per second) est alors devenu la norme classique du cinéma, permettant de conserver pleinement l’illusion du mouvement sans saccade et n’utilisant pas trop de pellicule pour autant. Mais alors que les jeux vidéo montent désormais jusqu’à 240fps et que la pellicule n’est plus une contrainte, certains auteurs ont questionné cette norme cinématographique. Peter Jackson a tenté d’imposer le HFR (High Frame Rate) avec la trilogie du Hobbit tournée en 48fps tandis que Ang Lee a poussé le nombre d’image par seconde à 120 dans Gemini Man. Pour en revenir à James Cameron, le réalisateur opte ici pour un compromis entre des séquences en 24 et d’autres en 48fps. Si l’effet d’accélération dû au nombre plus élevé d’images par seconde peut déranger pendant les premières minutes, c’est surtout l'alternance avec le 24fps qui peux poser problème à certains spectateurs. En effet, le retour à une cadence classique de 24fps dans certains plans ou morceaux de séquence contraste avec la fluidité du 48fps et peuvent briser complètement l’immersion en donnant visuellement la sensation d’une saccade prononcée de l’image voire d’un bug du projecteur.

Suivant à la lettre les étapes de scénario de son prédécesseur, la découverte d’une nouvelle partie de Pandora n’est pas aussi prenante malgré la multiplication des points de vue, notamment ceux des deux enfants rejetés par les autres. Histoire polyphonique centrée sur le noyau familial, les relations entre les personnages gagnent en nuance. Toutefois, la cohérence avec le premier volet est trahie par plusieurs aspects. D’abord, l’explication du retour du colonel sous les traits d’un avatar grâce à une copie de sa conscience rend complètement illogique le rôle de Jake dans le premier film : s’il était possible de copier une conscience humaine dans le corps d’un avatar, pourquoi aller chercher son jumeau non formé à la mission pour le remplacer ? Ensuite, l’éducation militaire que Jake donne à ses enfants ne devrait pas convenir à Neytiri. Habitué à écrire des personnages féminins forts, Cameron dépeint à travers deux couples d’adultes une vision assez dépassée, avec d’un côté l’homme leader calme et réfléchi, et de l’autre sa femme, émotive et colérique (qui heureusement sait encore se battre). Enfin, l’abandon quasi-total de la langue Na’vi au profit de l’anglais va à l’encontre de la logique de création d’un univers alien, propre à Pandora.

Après un climax très haletant rappelant un certain film catastrophe du réalisateur, le métrage s’achève par un titre banal de The Weeknd. Ce générique nous sort violemment de l’ambiance orchestrale exotico-féérique instaurée par James Horner et prolongée sans inspiration par Simon Franglen dans cette suite. Contrairement au film de 2009 qui se suffisait à lui-même, de nombreux mystères et intrigues sont lancés dans ce nouvel opus sans aboutir sur une fin, nous laissant frustrés avec le « besoin » de voir une suite ; ironique de la part de James Cameron qui se plaît depuis le début de la promotion à tacler Marvel et la logique des grosses productions actuelles en général. Rendez-vous donc en décembre 2024 (puis 2026 et 2028 si les recettes suivent) pour découvrir où le réalisateur visionnaire nous emmènera. Espérons seulement que toutes ces suites d’Avatar ne suivront pas cette voie de l’eau.

Gwendal Ollivier