sorti le 19/10/2022
Annoncé dès la sortie de Shazam! en 2019, son némésis au costume noir devait avoir le droit à son propre film ; une pandémie et un changement de direction de DC plus tard, le super-antihéros campé par Dwayne Johnson débarque enfin dans nos salles. Affirmant son influence grandissante, l’ancien catcheur autrefois connu sous le nom de The Rock collabore de nouveau avec le réalisateur de Jungle Cruise, Jaume Collet-Serra. Singeant par moment la mise en scène de Snyder dans ses ralentis et son étalonnage très contrasté, le réalisateur parvient tout de même à influer un rythme singulier à son métrage. De l’iconisation mythologique de Teth-Adam à la cadence soutenue de l’action, le montage est maîtrisé avec fluidité.
Malheureusement, alors que la situation initiale de l’état politique du Kahndaq rappelle tristement l’influence des États-Unis sur certaines nations moyen-orientales, le contrôle policier sur la ville est expédié dès le réveil du antihéros. Malgré une maîtrise certaine de la caractérisation de son protagoniste dans sa violence et sa toute puissance, le réalisateur se prive d’un discours acerbe à l’encontre de la politique étrangères des USA. De même la Justice Society of America est raccourci en Justice Society pour atténuer son côté patriotique étatsunien comme protecteurs du monde. Contrairement à Teth-Adam, cette nouvelle équipe de super-héros souffre d’une introduction bâclée, des sortes de X-Men du pauvre avec leur manoir, leur vaisseau et leur Tornade mais aussi un Atom, mélange entre Deadpool et Ant-Man, et un Doctor Fate qui, malgré le charisme incontestable de Pierce Brosnan, subit la comparaison avec Doctor Strange.
Pourtant, la dualité entre ces héros et cet antihéros fonctionne et suffit à porter des affrontements rythmés et logiques. À la musique, Lorne Balfe livre une bande originale qui tabasse constamment ; toutefois le thème principal reste simple mais efficace. Côté effets spéciaux, la ville du Kahndaq créée de toute pièce semble bien réelle avec son immense statue à l’effigie du champion. De même, les envols et les éclairs de Teth-Adam ainsi que les différents superpouvoirs des membres de la Justice Society sont visuellement aboutis. Le rendu des pouvoirs de Cyclone et du Doctor Fate est ainsi plus original que leur équivalent Marvel mais c’est surtout les affrontements avec Hawkman qui rendent compte de la puissance des coups.
[SPOILERS]
Hélas, les scénaristes retombent dans les travers de Batman V Superman et de Wonder Woman avec un dernier acte où les héros s’allient pour affronter un méchant bien méchant dans une bouillasse numérique. Expédiant complètement le conflit idéologique entre la Justice Society persuadée d’agir comme des héros et Teth-Adam appliquant la justice par la vengeance, le grand méchant en full CGI débarque directement des enfers. Si Dwayne Johnson a refusé les muscles rembourrés sous son costume en taillant réellement son corps pour le rôle, ce n’est clairement pas le cas de l’antagoniste, vide de charisme. Mais après ce climax peu intéressant, la traditionnelle scène post-crédit vient ravir les espoirs.
Attendu depuis longtemps par les fans de Zack Snyder et de son snyderverse, Henry Cavill fait son grand retour dans le costume de Superman. Toutefois, les couleurs vives de sa tenue évoquent plutôt celles de la Justice League de Joss Whedon, sortie au cinéma en 2017, que le costume noir de la Snyder cut de 2021. Reste à savoir quelle direction les nouveaux présidents de DC Studios, James Gun et Peter Safran, choisiront pour ce retour du personnage iconique dans un Man of Steel 2, enfin officialisé, mais aussi dans une future confrontation avec le champion du Kahndaq, Black Adam.
Gwendal Ollivier