sorti le 04/01/2023
Roméo et Juliette des temps modernes, le nouveau film puissant de Philippe Lioret mêle une histoire d’amour impossible à une descente aux enfers graduelle. À leur entrée en seconde, Nora et Léo ont le coup de foudre au premier regard. Malheureusement pour eux, le frère de Nora est accusé de vol et licencié par le père de Léo. Opposés par leur milieu social, les deux amoureux vont entrer en conflit avec leur famille pour vivre leur histoire. Mais chaque nouvelle décision est accompagnée d’une nouvelle conséquence toujours plus grave.
Adoption subtile du point de vue de la naïveté fougueuse des deux adolescents, le métrage s’intéresse avant tout à la romance mais ne néglige pas non plus le développement des antagonistes qui la rendent impossible. Malgré des apparences opposées, les deux foyers sont présentés comme des prisons et les cercles familiaux comme leur gardien. De leur tour, protégée en bas par le frère à moto, les parents de Nora surveillent constamment leur fille et veillent à appliquer une morale islamique rigoureuse. De l’autre côté, dans sa grande maison parfaitement froide, le père de Léo, licencié pour la bonne image de l’entreprise, refuse orgueilleusement de voir son fils fréquenter la sœur de celui qui lui a coûté sa carrière.
Pour servir ce récit complexe où chaque personnage court droit dans le mur, la mise en scène adopte un juste équilibre entre plans fixes et mouvements de caméra qui échappent à l’éternelle caméra épaule des drames français. De la scène de destruction au supermarché à la dispute entre Léo et son père et jusqu’à la dernière course de Léo, les plans en steadicam suivent l’action avec une grande fluidité. Cette maîtrise des mouvements de cadre permet au réalisateur de faire durer ses plans pour mieux immerger le spectateur dans l’action et faire monter une tension visuelle par une économie des cut. Portés par une écriture aussi juste que la mise en scène, les jeunes acteurs Sabrina Levoye et Teïlo Azaïs forment un couple débordant d’alchimie et nous rappellent parfaitement ce dont on est capable quand on est amoureux à 16 ans.
Gwendal Ollivier