sorti le 08/02/2023
Philippe Lacheau et sa bande sont de retour avec la suite de leur comédie de 2017, un cran au-dessus du premier volet. Après avoir fermé son agence par peur de perdre sa fiancée, Flo (Élodie Fontan), Greg (Philippe Lacheau) décide de monter un dernier alibi pour empêcher la rencontre entre ses parents et sa belle-famille. Comme à son habitude, la bande à Fifi nous présente un scénario basique mais très efficace qui sert de moteur au maximum de situations burlesques et autres blagues en tout genre.
Maîtrisant de mieux en mieux les codes du cinéma, ses techniques et ses références, Lacheau s’amuse énormément avec sa caméra. De la conversation téléphonique en split-screen qui se révèle en réalité être un seul cadre coupé en deux par une barre noire dans la pièce, aux plans-séquences énergiques ponctués d’accélérés et de ralentis de la bataille finale, la mise en scène déborde d’une créativité au service de l’humour. Depuis le début de sa filmographie, le réalisateur construit ses gags en fonction de leur potentiel comique visuel et provoque ainsi chez le spectateur un rire instinctif, celui de la moquerie. Cet humour burlesque reprend les codes des gags du cinéma muet en y ajoutant un humour pipi/caca souvent maîtrisé et un jeu sur les clichés de mise en scène, trop peu présent dans son Super-héros malgré lui.
Malheureusement pour les enfants et les animaux domestiques, les actions des personnages engendrent systématiquement des victimes collatérales frappées par le cours des choses. Descente exponentielle dans un mensonge qui n’était peut-être pas nécessaire à la base, le plan se transforme en une vaste série d’improvisations offrant son lot de retournements et de fou-rires. Alors qu’un personnage tente de faire un jeu de mots comique et se retrouve confronté à la gêne de ceux qui l’entourent, la comparaison avec le mastodonte de Canet sorti la semaine précédente devient irrésistible. Au lieu de dilapider son argent dans un casting incohérent mais haut en couleur, Lacheau l’utilise avant tout pour jouir d’une liberté dans sa mise en scène et dans la destruction de ses décors. Et le résultat est sans appel, écriture, montage, jeu et timing des situations, tous les éléments du métrage bénéficient de la maîtrise certaine de l’acteur/réalisateur. Ainsi, si Canet provoquait involontairement la gêne, Lacheau parvient sans problème à faire rire une salle toute entière sans avoir recours au moindre alibi.
Gwendal Ollivier