sorti le 19/04/2023
Pour sa première réalisation, Victoria Bedos, sœur du réalisateur polémique Nicolas Bedos, reste sage et prudente. Adoptant le point de vue de Marie-Luce, jeune lycéenne mal dans sa peau, la réalisatrice déroule le fil très attendu d’une histoire de coup de foudre mais s’amuse avec ses clichés et les revisite par des questionnements plus modernes. Ainsi, lors d’une soirée déguisée entre camarades, Marie-Luce débarque en Parrain pour se rapprocher du nouvel élève et apprendre à le connaître. Mais son plan fonctionne un peu trop bien et les moqueries dont elle faisait les frais en tant que fille laissent place à une admiration nouvelle sous cette apparence masculine.
Exagérant volontairement le trait, la réalisatrice appuie lourdement les réactions opposées des camarades quand la narratrice est Marie-Luce ou quand elle se travestit en son alter-ego garçon, Léo. Pourtant ce discours simple et léger sur les questions d’identité de genre et d’attirance sexuelle est d’une justesse adéquate. En dehors des échanges par message peu crédibles entre les deux adolescents (points à la fin des messages, absence de smiley, vocabulaire trop soutenu et abréviations trop adultes comme « A+ »), les interactions fonctionnent. Cette romance tient la route et nous questionne sur les attirances sexuelles de l’un, l’identité de genre de l’autre, et sur la possibilité même d’une telle relation.
Pour appuyer ce duo, le père occupe une place importante. Philippe Katerine incarne un veuf silencieux quant à la perte de sa conjointe qui se heurte désormais à la crise d’ado de sa fille. Focalisé sur les retraités dont il s’occupe, il peine à comprendre les problèmes de Marie-Luce qui sont pourtant dramatiques à ses yeux. Le petit groupe d’anciens de la maison de son père qui la conseille où l’agace s’oppose au petit groupe de jeunes de l’école qui évolue et se remet en question, et tous font progresser la jeune protagoniste. En somme, Victoria Bedos nous livre une comédie parfois maladroite mais tout de même emplie de bons sentiments autour de ce personnage qui n’est peut-être pas la plus belle mais certainement le plus beau pour aller danser.
Gwendal Ollivier