Hawaii


Hawaii
Réalisateur :
Melissa Drigeard
Pays d'origine :
FR
Titre original :
Hawaii
Durée :
1h44
Année :
2023
Date de sortie nationale :
10/05/2023
Genre :
CO
Casting :
Bérénice Bejo, Elodie Bouchez, Émilie Caen, Eye Haidara, Pierre Deladonchamps…
Synopsis :
13 janvier 2018. 8h07. Une alerte au missile balistique sème la panique sur l'île de Hawaï. Persuadés qu'ils vont mourir, des amis venus passer leurs vacances en bande, se disent ce qu'ils n'ont jamais osé s'avouer. Quand ils réalisent qu'il s'agit d'une fausse alerte, il est trop tard pour revenir en arrière.
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sorti le 10/05/2023

Un groupe d’amis part en vacances et s’avoue toutes les vérités enfouies depuis des années ; un postulat classique mais très bien mené. Coproduction franco-américaine, le film de Mélissa Drigeard démarre sur les chapeaux de roues avec l’alerte à la bombe lancée sur l’île éponyme. Avant même de connaître quoi que ce soit des personnages, la réalisatrice expose les premières craquelures qui motiveront leurs discordes. Plus américaine que française, cette ouverture in medias res évite la présentation éculée en nous plongeant dans une ambiance sous tension dénuée d’humour. Cette tension initiale justifie la tournure comique des évènements pour le spectateur, bien que tragique pour les personnages, et lui permet de lire la scène des retrouvailles à l’aéroport en flashback avec un coup d’avance.

Évidemment, ce type de métrage repose beaucoup sur ses comédiens. Piochant aussi bien des têtes associées à la comédie que d’autres plutôt au drame, le casting est haut en couleur ! De Bérénice Bejo à Manu Payet, sans oublier Élodie Bouchez, Eye Haïdara, William Lebghil et Nicolas Duvauchelle, tous donnent vie à des archétypes familiers des films de bande de potes pour les rendre crédibles. Mention spéciale au couple de Émilie Caen, parfaite en femme méprisante qui se dévergonde soudain et de Pierre Deladonchamps, beau-père psychiatre qui joue habilement celui qui a un peu trop bu et fumé, donnant lieu à une belle engueulade de la part de leur fille de 16 ans.

Au travers des fêlures entre les personnages, la réalisatrice aborde de nombreuses thématiques. Le couple d’artistes questionne à la fois notre rapport à la nudité ainsi que les comportements d’un ami face au succès. Le personnage de Bérénice Bejo interroge quant à lui les choses que l’on préfère garder secrètes à un ami en particulier pour le « protéger », elle en fait une première fois les frais et en est une seconde fois la responsable. Enfin, la thématique évidente au vu du synopsis est celle de la peur de la mort, son acceptation individuelle ou dans le cas contraire la lâcheté et l’égoïsme qu’elle peut provoquer.

Mettant en avant le jeu des acteurs, le montage s’attarde sur les visages en gros plans pour faire ressentir la gêne du secret et de l’aveu. Cette durée des plans est rafraîchissante et dénote habilement avec les énièmes champs-contrechamps qui appuient tous les dialogues comiques ou dramatiques par les réactions des autres personnages. De même, la photographie cherche des couleurs plus prononcées que la plupart des comédies qui se contentent d’éclairer l’intégralité du décor sans nuance, et apporte un cachet au film en renforçant ses aspects plus sérieux. Alors en ces jours ensoleillés, vous laisserez-vous tenter par une petite virée à Hawaii ?

Gwendal Ollivier