sorti le 05/07/2023
Commençant sur les derniers rayons de soleil d’une journée pour s’achever sur les premiers de la suivante, le quatrième long métrage d’Alex Lutz se plie à une unité de temps simple mais efficace annoncée par le titre. Nouveau film nouveau défi pour l’acteur-réalisateur qui respecte à la lettre son concept tout en parvenant à surprendre le spectateur. Au scénario, Lutz s’accompagne de sa camarade à l’écran Karine Viard et de son premier assistant réalisateur Hadrien Bichet pour construire cet enchaînement de scènes de discussions, réflexions et débats existentiels.
Dès l’introduction, le réalisateur cherche à se démarquer par sa mise en scène sensible. Reproduisant le regard des gens face au chaos du métro et de ses couloirs, il enchaîne les gros plans en caméra portée sur différentes parties de corps et de visages, filmant d’abord la foule avant d’arriver à ses deux protagonistes. Côté casting, Alex Lutz caractérise son personnage par de nombreuses hésitations, le manque de mot et la difficulté à les trouver. Karine Viard incarne quant à elle une femme plus provocatrice, sûre d’elle, qui cherche à pousser le personnage de Lutz dans ses retranchements, en l’amenant à exprimer jusqu’au bout sa pensée. L’enfermant dans une caricature de lui-même, elle se laisse toutefois surprendre par certaines de ses expériences inimaginables à ses yeux.
[SPOILERS]
Au fil des heures, le duo traverse différentes scènes symboliques des étapes d’une vie. Discutant d’abord sur un banc tels de jeunes adolescents, ils s’incrustent ensuite dans une soirée étudiante, puis font un détour par un restaurant comme des adultes, avant de finir dans un club échangiste comme un vieux couple en quête d’exploration. Préparé par certains détails, le twist de la dernière séquence surprend mais fait sens. Ce revirement de situation légitime la facilité avec laquelle les personnages se sont trouvés, plu et entendus alors que tout semblait les séparer mais il permet surtout de reconsidérer tous leurs échanges d’un œil nouveau. L’histoire n’est plus une simple romance d’un soir mais le challenge d’une relation qui va mal et qui a besoin de se laisser aller dans les décors parisiens festifs et intimes d’une nuit.
Gwendal Ollivier