DogMan


DogMan
Réalisateur :
Luc Besson
Pays d'origine :
FR,US
Titre original :
Dogman
Durée :
1h53
Année :
2023
Date de sortie nationale :
27/09/2023
Genre :
DR
Casting :
Caleb Landry Jones, Jojo T. Gibbs, Alioune Sané, Marisa Berenson, James Payton…
Synopsis :
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs

L'incroyable histoire d'un enfant, meurtri par la vie, qui trouvera son salut grâce à l'amour que lui portent ses chiens.
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sorti le 27/09/2023

Boudé par la presse et le public, Luc Besson est probablement le réalisateur français actuel à avoir la carrière la plus riche et ambitieuse. Aussi bien dans ses genres variés que dans les moyens qu’il déploie pour mettre en chantier des projets faramineux, le réalisateur transpire l’envie d’apporter sa patte de chien fou dans un cinéma national parfois figé. Produit une fois de plus en France avec une équipe française mais un cast américain, son nouveau métrage est bien plus intime et abouti que son précédent, comme un retour aux sources.

Abandonné par sa mère, jeté aux chiens par son père, Doug a grandi en se nourrissant de l’amour et de l’affection des canidés. Construit autour d’une séance avec une psychiatre, le film dévoile les morceaux de vie qui ont menés à l’arrestation de Doug. Ficelée en main de maître, l’intrigue progresse sans laisser apparaître de fil rouge ostentatoire. Portée par la performance saisissante de Caleb Landry Jones, chaque scène est l’occasion de développer sa personnalité complexe. Habitué à écrire des femmes à la fois fortes et fragiles, Besson pousse cette ambivalence à son paroxysme. Homme qui se glisse dans la peau d’une femme, Doug est un être empli d’un amour puissant mais d’une méfiance innée envers l’humain. Souffrant d’un handicap moteur le mettant dans une position de faiblesse, son contrôle quasi super-héroïque de ses « bébés » lui donne une force inestimable.

Dès l’ouverture reprenant le travelling avant rasant le sol, suivi d’un panoramique vers le haut, signature des premiers films de Besson, la photographie est extrêmement soignée. Sans avoir recours à l’artifice de la pellicule, le réalisateur nous emporte instantanément dans l’esthétique d’une époque révolue où les caméras de surveillance enregistraient sur cassette et où l’éducation par la violence posait bien moins de questions. Aidées par l’utilisation de vrais chiens dressés pour le cinéma, leurs interactions avec Doug fonctionnent à merveille et explosent véritablement dans les scènes d’action toujours aussi bien mises en scène. En dépit de ce que la bande annonce pouvait laisser penser, l’influence de Joker de Todd Phillips ne se retrouve pas tellement chez Doug mais plutôt dans la musique.

Toujours fidèle au poste, Éric Serra compose une bande originale inspirée évoquant indéniablement les violoncelles planants d’Hildur Guðnadóttir. Collant aussi bien aux moments posés qu’au climax, la musique joue un rôle essentiel dans la narration. Besson s’amuse aussi avec les musiques additionnelles, refaisant son propre clip d’Eurythmics et construisant deux scènes majeures sur du Édith Piaf ; des séquences aussi gracieuses dans leur composition de cadre que dans leur montage maîtrisé. En plus du diminutif de Douglas, Besson joue habilement avec les mots en filmant la banderole posée par son frère sur le chenil à l’envers, transformant « god » en « dog ». Ainsi, la notion du divin est installée dès l’enfance comme une partie intégrante de l’éducation partielle de Doug qui marquera sa vision du monde et de sa propre vie de DogMan.

Gwendal Ollivier