Le Consentement

pagi 12


Le Consentement
Réalisateur :
Vanessa Filho
Pays d'origine :
FR
Titre original :
Le Consentement
Durée :
1h58
Année :
2023
Date de sortie nationale :
11/10/2023
Genre :
BI,DR
Casting :
Jean-paul Rouve, Lucie Debay, Kim Higelin, Tanguy Mercier, Laetitia Casta…
Synopsis :
Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement

Vanessa Springora raconte comment elle s'est retrouvée sous l'emprise d'un écrivain célèbre. En 1986, elle avait 13 ans; lui, presque 50. Elle explique comment elle a été victime d'une triple prédation : sexuelle, littéraire et psychique. Mais au-delà de son histoire individuelle, elle questionne aussi les dérives d'une époque, et la complaisance d'un milieu aveuglé par le talent et la célébrité.
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sorti le 11/10/2023

Adapté du roman de Vanessa Springora, le deuxième film de Vanessa Filho cherche à frapper fort en portant la dénonciation de l’autrice sur grand écran. Sous l’emprise sexuelle et psychologique de l'écrivain Gabriel Matzneff, Vanessa est une adolescente de 14 ans cultivée et littéraire qui tombe sous le charme d’un homme de 49 ans. Si l’écriture et la direction d’acteur très théâtrales peuvent freiner l’entrée dans le récit, la relation malsaine nous entraine inévitablement. Malheureusement, la réalisatrice ne parvient pas à nous immerger dans le point de vue de sa protagoniste tant son antagoniste nous semble froid et révulsant.

Jean-Paul Rouve incarne probablement le pire personnage de sa carrière ; celui de l’auteur manipulateur égocentrique et pédophile Gabriel Matzneff. Méconnaissable physiquement, l’acteur livre une performance glaçante, antipathique mais remarquable. Face à lui, Kim Higelin campe assez justement l’autrice adolescente. Si on comprend la nécessité de caster une actrice de 23 ans pour jouer les nombreuses scènes de sexes, ce choix affaiblit en revanche le pouvoir de l’image du corps d’un quinquagénaire manipulant celui d’une adolescente de 14 ans. Ce souci d’âge est souligné par le style vestimentaire et le maquillage de Vanessa qui semblent bien trop élégants pour une collégienne.

À la photographie, Guillaume Schiffman ne cherche pas à se faire discret. L’image bleutée autant dans l’étalonnage que dans les costumes et les éléments de décor apporte une douceur visuelle ; cet apaisement se voit perturbé par l’intrusion de lens flares dès le départ puis est ensuite mis en complète opposition avec le rouge de la chambre d'hôtel. Par une sur-exposition appuyée, les blancs et les lumières trop intenses sont complètement saturées, rappelant le travail de Renaud Chassaing sur Goliath.

Avec un tel matériau de base, chaque dialogue et chaque geste provoque un sentiment de dégoût. Pourtant, la réalisatrice ne parvient pas à nous investir émotionnellement pour mieux dénoncer l’atrocité de ce bout de vie.

[SPOILERS] Souffrant peut-être de la linéarité de son récit, la réalisatrice attend la dernière demi-heure pour utiliser les images d’archive d’une interview télévisée tristement célèbre où tout le monde sur le plateau semble valider le contenu des livres de Matzneff à l’exception d’une féministe en avance sur la mentalité de son époque. Jouant sur de longues ellipses, le dernier acte prolonge la chute initiée de Vanessa à la fin du collège sur le reste de l’adolescence avant de s’arrêter sur le traumatisme de l’adulte. Mais si la littérature peut servir d’outil et de porte d’entrée à un prédateur, elle peut aussi servir de porte de sortie à celle qui deviendra l’autrice du Consentement.

Gwendal Ollivier