Dune : Deuxième Partie


Dune : Deuxième Partie
Réalisateur :
Denis Villeneuve
Pays d'origine :
US
Titre original :
Dune: Part Two
Durée :
2h46
Année :
2024
Date de sortie nationale :
28/02/2024
Genre :
SF,DR
Casting :
Timothée Chalamet, Zendaya, Rebecca Ferguson, Josh Brolin, Christopher Walken…
Synopsis :
Paul Atreides s’unit à Chani et aux Fremen pour mener la révolte contre ceux qui ont anéanti sa famille. Hanté par de sombres prémonitions, il se trouve confronté au plus grand des dilemmes : choisir entre l’amour de sa vie et le destin de l’univers.
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La Mézière
Du mer 24 avril
au mar 30 avril
18:15
vf 2d
Montfort-sur-Meu
Ven 10 mai
20:00
vf 2d
Rennes
Du mer 24 avril
au mar 30 avril
20:30
+ dimanche 28 à 11:00
vost 2d
Vitré
Du lun 29 avril
au mar 30 avril
16:45
vf 2d

sorti le 28/02/2024

Deux ans après la Partie Une, Denis Villeneuve est de retour pour nous proposer la seconde moitié du premier tome de l’univers de Frank Herbert. Résumant habilement les évènements du précédent volet par l’analyse factuelle de la fille de l’empereur en voix-off en ouverture, le réalisateur reprend ses personnages là où il les avait laissés. Plongés au cœur du désert d’Arrakis, Paul Atréides (Timothée Chalamet) et sa mère (Rebecca Ferguson) vont apprendre à devenir des Fremen par leur culture, leurs coutumes et leur façon de dompter le désert.

Immense directeur de la photographie, Greig Fraser travaille chaque scène par une couleur dominante, se tenant à une direction artistique épurée, unique et sublime. Aidant pour beaucoup à la démesure des décors, tout semble ici encore plus gros à l’exception des vers des sables qui étaient si bien caractérisés par leur première apparition dans le film précédent. Toujours aussi talentueux pour retranscrire la démesure par les rapports d’échelles entre des humains minuscules au sein d’armées gigantesques survolées de vaisseaux immenses, le réalisateur pose visuellement les enjeux de ses scènes d’action.

Absolument irréprochables, les effets spéciaux participent grandement à l’immersion dans cet univers SF. Si la vacuité des décors ne pose plus problème dans cette seconde partie explorant le désert, l’absence de sensation de chaleur sur les personnages se fait malheureusement d’autant plus sentir. Expliquant brièvement le fonctionnement du système de refroidissement des combinaisons Fremen et le rôle sacré de l’eau, on ne voit jamais un personnage assoiffé ou en sueur. Toujours impeccablement maquillés, les deux jeunes têtes d’affiche ne sont absolument pas marquées par la violence du désert, ses vents arides, son sable envahissant et son soleil brûlant.

Capital à l’immersion, le son est travaillé avec minutie pour faire de grands écarts entre l’explosivité des scènes d’action et les passages suspendus de silence. Du bruit sourd des sondes servant à appeler les vers des sables à la musique de Hans Zimmer, l’attention portée au son justifie à elle seule l’expérience en salle, en particulier avec des technologies comme le Dolby Atmos. Prolongation de son travail, Zimmer livre une deuxième partie de partition tout aussi lyrique et vocale dans la caractérisation des personnages que vibrante dans ses lourdes basses qui immergent intensément le spectateur dans l’action. Moins mémorable toutefois que certaines de ses compostions précédentes, l’absence de thèmes forts réduit l’impact symbolique de l’histoire, des acteurs du conflit et des personnages.

Bien plus présente à l’écran, Zendaya incarne avec subtilité la personnage de Chani, jouant davantage avec ses regards et ses expressions faciales qu’avec ses rares mots. Plus indépendante que dans le livre, elle demeure le seul point d’attache émotionnel pour le spectateur. Alors que le réalisateur appuie la dimension fanatique et la construction du culte du messie pour mener la guerre sainte (sans oser utiliser le terme djihad de Frank Herbert), Paul accepte avec cynisme son rôle de messie. Sa mère et l'ordre du Bene Gesserit se transforment progressivement dans l’imaginaire du spectateur pour passer d’une instance aux pouvoirs bien pratiques pour le héros à une secte manipulatrice sans camp.

Cependant, cette volonté d’éviter le machiavélisme est mise à mal par les antagonistes. Malgré leur design de chauves transhumanoïdes très réussi, les Harkonnen demeurent des méchants très méchants qui tuent leurs propres hommes au moindre prétexte. Alors que Dave Bautista est expédié au second plan par un Austin Butler méconnaissable, le métrage dresse ce sang neuf comme un ennemi de poids mais ne montre jamais sa puissance. Dans sa scène d’intro à la photographie noir et blanc magnifique, le personnage mène un combat complètement déséquilibré en sa faveur. Difficile donc de craindre cette menace guerrière qui n’a jamais fait ses preuves au combat avant de s’attaquer en duel au héros.

Répétant le problème du premier film, le climax est divisé en deux entre une grosse scène d’action, ici bien trop courte, et un duel, catalysant cette fois les enjeux de tous les camps. Si le film marquera évidemment plus qu’un autre blockbuster commun, est-ce pour autant un chef-d’œuvre comme tant le proclame déjà ? Peut-être faut-il prendre le temps de peser les mots. Depuis son passage aux films étatsuniens, le réalisateur canadien excelle sur un plan technique pour livrer des visuels et un sound design toujours riches. Malheureusement, cette dimension esthétique prend complètement le pas sur le cœur émotionnel du récit, les personnages servent de moteur et d’outil pour exposer des thématiques pertinentes mais sont aussi peu chaleureux que le désert de Dune.

Gwendal Ollivier