Trois vies, trois femmes, trois continents. Trois combats à mener. Si elles ne se connaissent pas, Smita, Giulia et Sarah sont liées sans le savoir par ce qu'elles ont de plus intime et de plus singulier.
sorti le 29/11/2023
Autrice du best-seller éponyme, Laetitia Colombani passe derrière la caméra pour mettre elle-même en image son roman. Hélas, si la fidélité à l'œuvre d'origine est assurée par la réalisatrice française, la mise en scène manque cependant cruellement de créativité. Croisant les destins de trois femmes, vivant sur trois continents, dans trois classes sociales différentes, cette histoire polyphonique se construit autour de destins difficiles.
Comme la phrase écrite en plus gros caractère que le titre sur l'affiche le laissait présager, le but premier est de nous "émouvoir aux larmes". Ainsi, les situations dramatiques plongent vers un pathos attendu qui peine à fonctionner pleinement tant les trois récits tragiques semblent baigner dans des clichés. À défaut de jouer avec le ratio de cadre, la musique, l’effet du climat sur les personnages, la texture ou les couleurs de l’image, la réalisatrice se repose entièrement sur les décors, le physique des actrices et les langues parlées pour faire ressentir la pluralité culturelle de ses personnages. Malheureusement, à l’image de la maison de l’indienne, les décors sont trop vides et impersonnels pour être véritablement crédibles et palpables.
Si les chapitres du livre s’entremêlaient de façon strictement régulière, on pouvait attendre une manière plus cinématographique de transposer cette histoire sur grand écran. À l’exception du dénouement, la réalisatrice ne joue pas avec son montage pour lier plus étroitement ses histoires et confronter les éléments similaires dans leur différence (chaque personnage est par exemple attaché à un objet : la poupée, le kangha et le Lego). Après trois séquences d’ouverture successives, nécessaires pour entamer proprement les trois narrations, les enchaînements se succèdent sans jamais se développer en parallèle. Tout aussi redondantes, les notes de piano atypiques de Ludovico Einaudi se répètent et se déclinent pour tirer vers les violons larmoyants.
Malgré des faiblesses de mise en scène, la réalisatrice dirige toutefois très bien ses actrices. L’indienne Mia Maelzer, l’italienne Fotini Peluso, et l’américaine Kim Raver collent habilement aux personnages de Colombiani et portent malgré tout le film sur leurs épaules. Loin de l’efficacité de son roman, le film souffre du manque de recul de sa réalisatrice. Se contentant de mettre en image son livre sans penser aux regards multiples de ses protagonistes, les trois cultures étrangères sont perçues du point de vue d’une française. Le résultat paraît étrangement artificiel, sans fioriture ni poil de côté, lissé afin d’obtenir la plus droite et convenue des tresses.
Gwendal Ollivier