sorti le 27/12/2023
Avec ce premier long métrage, Sébastien Vanicek livre un film de genre abouti basé sur un concept simple. Passionné par les espèces exotiques, Kaleb (Théo Christine) rapporte dans son appartement une araignée venimeuse. Les problèmes commencent alors que celle-ci s’échappe et se met à pondre dans l’immeuble. Filmant majoritairement l’action à hauteur des personnages, le réalisateur nous immerge dans leur état de stress. A contrario, il joue aussi sur des ironies dramatiques en montrant parfois plus de choses au spectateur qu’au personnage, notamment le plan terrible sur un miroir où les araignées pullulent dans le reflet sans que la jeune femme ne s’en aperçoive.
Ainsi, le réalisateur maîtrise avec brio la tension : d’abord par la simple quête de l’araignée solitaire qui fuit et se cache, ensuite par la ponte et la prolifération qui mènent à une véritable infestation, et enfin par le gigantisme graduel des bestioles. Entre effets spéciaux et araignées réelles, le rendu visuel fera frissonner au moins tous les arachnophobes. De même, le sound design atypique de cette espèce (heureusement) fantastique soutient la montée de la tension. En revanche, les longs plans tournoyants tape à l’œil desservent la présentation du couloir empli d’araignées en nous faisant quitter le point de vue réaliste et palpable des personnages pour adopter celui fantomatique de la caméra.
Jouant sur les clichés souvent accolés à ces personnages, les proches de Kaleb l’accusent d’abord d’avoir vendu de la drogue à la première victime avant de penser à sa passion, les animaux rares et dangereux. Sous couvert du film d’horreur, le réalisateur fait passer des messages politiques forts mais subtils. Prenant place dans l’impressionnante Arène de Picasso de Noisy-le-Grand, le métrage présente une vie communautaire dans une cité aux murs abîmés par le temps, et où la police se protège des habitants au lieu de les protéger.
[SPOILERS]
Après s’être suffisamment amusé avec son concept et avec nos peurs, le réalisateur donne finalement raison à son personnage principal. Alors qu’il sort de la voiture pour observer calmement la plus imposante de toutes les araignées, cette dernière, ne se sentant pas attaquée, passe son chemin. Malgré leur légendaire construction monstrueuse dans l’imaginaire collectif le réalisateur prend, par ce revirement, la défense des araignées en montrant que dans cette histoire les humains étaient tout autant des vermines.
Gwendal Ollivier